30 décembre 2006
Chère Zoé, bienvenue sur cette terre.
Pour fêter ton arrivée, on a décidé
avec
tonton Pierre, tonton Florian et quelques autres d’aller jouer
à
faire l’oiseau au dessus des Pyrénées.
Je ne sais si lorsque tu sauras lire il sera encore possible de
faire
ce genre de ballade et de jouer avec les vautours, alors je
vais
te raconter ça avec des images.
Pour ce genre de promenade on utilise un planeur. Les planeurs
sont des
avions blancs plus petits que celui de papa, avec moins de
fenêtres, et pas de moteur qui ferait du bruit.
Evidemment, sans
moteur, pas question de traverser l’océan en 6 heures de
vol,
mais les courants d’air sur la montagne nous permettent de
monter
à plus de 4000 mètres d’altitude et de voir la
montagne
du dessus.
Samedi, le vent souffait de sud, et après s'être
fait
remorquer par un vieux coucou avec un vrai moteur courageux, on
a
joué avec un phénomène physique qui
répond
au joli nom
d’onde
hydraulique (pour faire simple, c’est un
phénomène
qui permet au planeur de monter, à un endroit où
tout
indique qu’il devrait tomber comme un caillou).
Ensuite on s’est promené au dessus de la moquette
roulante. La
moquette roulante, c’est comme un tapis roulant
d’aéroport, qui au lieu d’être en caoutchouc
noir
semble fait de laine de mouton. C’est magique. De la plaine, on
croit
que la montagne a mis un bonnet blanc. Si on s’en approche, on
voit que
le bonnet bouge sans se déplacer: on dirait une cascade
dont
l’eau disparaît en tombant.
La cascade de
nuages
aux Issarbes à Noël 1997
Du ciel on découvre ce qu’il y a de l’autre
coté de
la cascade : une gigantesque moquette de laine
et la moquette bouge ! S’étendant à l’infini vers
l’Espagne, elle avance inexorablement vers nous, tombe en
disparaissant
de ce coté-ci de la frontière. Magique ! Elle
semble
complètement plate, mais en fait, en certains endroits
elle se
déforme, comme un tapis sous lequel on aurait
oublié un
légo.
Avec Pierre et Florian, on a joué un moment au dessus de
la
cascade. Ici c’est Florian avec la Libelle qui vole au dessus du
tapis :
Nous n’étions pas les seuls à jouer au dessus du
tapis
roulant. Il y avait là un paquet de vautours.
Ce n’est pas facile de piloter et de photographier les vautours,
surtout quand ils sont nombreux et à la même
altitude. Pas
question d’en abimer un avec nos ailes. Je n’ai fait que des
photos de
loin (le petit point noir sur le nuage, c’est un vautour)…
…mais Pierre en a fait de très belles images
rapprochées.
Lorsqu’on s’approchait des
nuages, on
voyait même notre ombre s’y projeter, avec autour des
phénomènes de réfraction de la
lumière dans
les milions de goutelettes d’eau qui forment le nuage
Quand on augmente le contraste de la photo (à
droite), on dirait
que le planeur se promène au fond d’un tunnel. Encore
un truc
magique !
Après un petit tour vers l’ouest,
pendant
que Florian redescendait vers la plaine nous sommes
allé
rendre visite à la haute chaîne. Là, plus de
moquette bouclée, mais de jolis morceaux de coton
flottant dans
l'air.
C’est là que j’ai retrouvé Pierre, sur fond de pic
du
midi d’Ossau, bien peu enneigé pour un 30
décembre.
Pierre traînait dans les parages depuis un moment, sans
pouvoir
monter plus haut que 3400 mètres. Il s’est dit que
peut-être le ressaut de Gourette serait plus favorable, et
en
chemin a trouvé l’ascenceur des « trois sœurs
».
C’est le nom de la crête située entre le
Capéran de
Sesque et le pic Gazies, entre Aspe et Ossau.
L’ascenceur
montait à 4 mètres par seconde. Le trajet
jusqu’à
4200 mètres n’a pas été long. Cela nous a
permis
de nous approcher du cirque de Gavarnie sans trop perdre
d'altitude avant de doucement rentrer à la maison.
Peut-être que quand tu seras grande, toi aussi tu verras
la
montagne depuis un avion blanc sans moteur. Tu verras, c’est
magique.
La vie est belle
ps: Zoe est la fille de Stéphane et Alexandra
née
le
28 décembre 2006 à Pau.