Quand Florian Raconte...
Onde hydraulique, cisaillement  et vautours en laminaire

30 décembre 2006

Un petit souffle d’air, orienté ouest sud ouest était prévu depuis quelques jours, et Vivien avait sonné le branle bas de combat pour réunir les énergies nécessaires à un petit vol en onde de fin d’année.

Au départ je ne devais pas en être, d’abord à cause de la réunion des jeunes vélivoles d’aquitaine à Arcachon, puis à cause d’une gastro entérite. Une fois en forme, j’optais donc pour Arcachon, mais la courroie d’alternateur de la voiture m’ayant lâchement abandonné la veille,  j’ai donc pris (sans papiers !!!) la voiture de ma mère partie en vacances sous d’autres cieux.

La veille tout était préparé au millimètre prés dans les sacs : pantalon, blouson, gants, bonnets, cartes, GPS, …

Le lendemain au réveil, un rapide coup d’œil au hublot de la salle de bains : déception, le ciel n’est pas rempli des empilements de lenticulaires dont j’ai rêvé toute la nuit. Au contraire, on y voit plutôt des altocumulus pseudo lenticulaires, qui font plutôt penser à de la friction.

Qu’à cela ne tienne, on y va quand même. Et je me rassure à mesure que la distance jusqu’au terrain se réduit. D’abord, il fait chaud (très, pour un mois de décembre, et l’absence de gelée ce matin marque une augmentation brutale de la température ; effet de fœhn ?). Ensuite, des lenticulaires se forment entre la vallée d’aspe et d’ossau. Ils sont désordonnés, mais en dessous quelques rotors se font et se défont, plutôt discrètement : le vent est faible, la dérive imperceptible du sol en voiture.

Arrivée au terrain, les choses se confirment : air chaud, lignes de rotors et un nuage de chapeau dépasse côté français, s’effondrant sur la station de ski de la pierre st martin et recouvrant toute la frontière dans le pays basque.

Vivien, Pierre, Jean Marie et Jean arrivent ; les planeurs sont préparés, mis en piste, et je décolle le premier vers 11h. Je demande au remorqueur un cap sur le Layens, ou de belles formations vivent régulièrement.

Largué a 19 NH, commence l’accrochage en sous ondulatoire. J’attrape rapidement un petit laminaire vers 22 NH, mais le perd presque aussi tôt. Pourtant je n’ai pas dérivé. Le vent est faible, 30 à l’heure environ. Je me met alors face au vent et fait un rapide constat : les rotors se forment au dessus de la partie descendante du chapeau : l’air en bas est plus rapide que l’air en haut, et il propulse vers le haut l’air plus lent. C’est l’onde hydraulique, le vent au niveau des crêtes étant plus rapide qu’en altitude.

Une fois ce mécanisme compris, je me place donc au dessus de la crête des orgues, et attrape un 1.5 m/s, et rejoint par Vivien qui est déjà plus haut, nous commençons à avancer vers l’ouest, alors que Pierre commence son accrochage au trône du roi.

En voulant rattraper Vivien, je ferai la première descente du jour : un lenticulaire s’est formé au dessus du chapeau, mais orienté nord sud. Le vent étant ouest sud ouest, et nous venant de l’est, nous sommes donc forcément dans la partie descendante de ce nuage, et nous en ferons tous les deux les frais. Je me retrouve pour ma part à 23 NH à Licq Atherey, à nouveau dans du sous ondulatoire.

Ici commence la deuxième curiosité de la journée : le vent en bas est sud ouest, et il ouest en haut, avec plus de 30° d’écart. Un splendide cisaillement s’offre  à nous, créant une ligne de rotors perpendiculaire à celle orientée est – ouest. La partie ouest de cette nouvelle ligne (orientée nord sud, vous suivez ? J ) est donc la partie ascendante et je réussirai enfin à remonter à cet endroit.

Et là, surprise : des vautours ! des vautours au dessus des nuages, dans le laminaire (ou presque, car le cisaillement provoque des turbulences semblables à celles d’un deuxième sous ondulatoire, avant de retrouver de l’air parfaitement laminaire). Que peuvent ils bien faire ici ? Certainement pas chercher de la nourriture, vue la densité de nuages en dessous. Profiter d’un peu d’air chaud, et entretenir la voilure et la structure ? En tous cas spectacle amusant de voir ces volatiles en patrouille en ligne droite suivre le laminaire, et faire des huits dans les parties ascendantes.

J’ai enfin retrouvé Vivien. Entre temps Pierre nous avait rejoint, mais il a mis les pieds dans le même trou que moi juste avant et a perdu 600 m en moins de temps qu’il ne le faut pour le dire.

Nous continuons à avancer vers l’ouest, en longeant la partie descendante du chapeau, génératrice de l’ascendance.

 cap à l'ouest

Nous faisons parfois des arrêts pour reprendre un peu d’altitude

 on top

… et avançons en patrouille vers l’ouest, en ne montant pas plus haut que 44 NH …

en patrouille

 
Après avoir viré le km 45 à l’ouest, je ne trouve plus rien. Je fais alors demi tour et décide d’aller voir des beaux lenticulaires à l’est, sans doute au dessus du Sesque :

lentille sur fond de pic du midi
 
Malheureusement, le retour ne sera pas aisé ; en suivant scrupuleusement le cheminement utilisé à l’aller, je ne retrouverai pas de ressaut. J’ai pourtant fait le tour de tout le cirque de Lescun, cherché au Layens, au Sesque, au Montagnon, au plateau d’Ourdinse … je n’ai pas réussi à repasser en laminaire. Pierre, qui nous pistait depuis un moment a lui eu plus de succès, et a trouvé un bon ressaut entre Lescun (j’y suis pourtant passé …) et il a pu repasser en laminaire et rejoindre le somport. Accompagné de Vivien, la crête au sud de l’Ardiden sera leur point de virage environ 50 km plus à l’est.

Dommage pour la fin du vol, mais quand même une situation météo très intéressante, et un paysage vraiment magnifique.

On a pas battu des records, mais on s’est bien amusé !



retour