samedi 30 Juin.
le vol de Pierre
Rude journée !
Nous avions sorti les planeurs de bonne heure,
avant d’aller aux obsèques de Jean Claude Lilles.
De retour vers 11H, il a fallu rapidement
terminer de les préparer.
TopMeteo annonçait du vent de Sud Est assez
fort, avec des plafonds vers 3000. Ce devait donc être une
belle journée. J’imaginais les thermiques démarrant au Nord
sur les zones habituelles de rotors, et au Sud … comme
d’habitude.
Le Lak bien chargé (120 litres dans les ailes
plus 1 litre dans la queue) est amené en piste. Michel est
dans le PLIL : je suis dans de bonnes mains.
Le planeur est lourd et long à décoller. Ça
faisait un moment que je n’avais pas volé avec, et j’ai eu un
peu de mal à retrouver les positions des volets.
Les cumulus au Montagnon ont l’air sympa. En
plus, par condition de Sud il y a un ressaut dans le coin.
Donc thermique ou onde, il y aura bien un truc à gratter.
Largage à 2000, rapide prospection sur le
sommet du Montagnon. Rien. Bon, le ressaut doit être présent,
il y a des cumulus au vent. J’avance, pour ne rien trouver.
Le cumulus au dessus du départ des parapentes
est bien formé. Allons voir. Bien chargé, le planeur avance
bien. Il se cale tout seul entre 170 et 180 et plane sans
forcer.
Bien sûr, le cumulus ne donne rien.
Il y a un vautour qui astique la face Nord de
la falaise qui verrouille Bedous par le Sud. C’est incongru,
mais je n’ai plus beaucoup de choix. J’y arrive à 18, et je
parviens à centrer un 0.3 .
Le mal de crane qui s’était déclenché pendant
que j’attendais le remorqueur ne passe pas, au contraire. Je
n’ai pas assez bu. J’essaie de compenser en buvant, mais rien
n’y fait.
Faut être patient ! Je vois le SG passer
derrière le remorqueur (voir récit
de Vivien) cap direct vers la frontière. Il se larguera
directement en Espagne. Vu de mon 0.3, c’est la bonne
solution.
J’arrive à 2000 et je décide d’aller voir vers
le Sesque. La première crête orientée Est/Ouest est surmontée
d’une barbulle. Mais la masse d’air est confuse, le planeur ne
monte pas. Je reviens sur ma crête au Sud de Bedous avant de
trop descendre.
Le 0.3 s’est transformé en 1 m donc la
convection démarre juste. Je refais 2000, retourne au Sesque
pour prendre une pompe très chahutée directement sous le vent
du relief principal. C’est forcément un rotor ce truc !
Un vautour à la base du Cu me rassure : il n’est pas
arrivé là à pied. S’il l’a fait, je peux le faire.
J’atteindrai 2400, puis 2700 dans le coin.
Le Lak bien chargé est remarquable
d’efficacité. Les ailerons répondent avec un effet énorme.
J’avais oublié. Attention au virage engagé : la charge
alaire importante ajoutée à la réactivité en roulis rendent la
mise en virage hyper rapide. Une mauvaise tenue de l’assiette
aurait tôt fait de nous mettre dans une situation délicate.
Passage de la frontière et raccrochage
classique vers la Collorada, sans soucis ni histoire.
Transition à 180, la perte d’altitude est acceptable, et de
toutes les façons il y a de belles images plus loin. Le
calculo m’indique des vents impressionnants, entre 30 et 40
kmh de Sud Est. Heureusement je suis chargé ! La
turbulence est importante.
Je saute vers la Tendenera, pas aussi haut que
j’aurais voulu, mais la bosse au Sud est toujours très bonne,
je ne suis pas inquiet.
Erreur ! Ladite bosse est complètement
déventée et ne fournit aucune ascendance exploitable. Je tente
le fond de la combe, mais à part une turbulence assez sévère
trop près du relief, rien n’est exploitable.
Demi tour, je me dirige donc vers la crête qui
va de l’Est de la Collorada jusque Sabinanigo. Là aussi, un
Cumulus sur le chemin restera inerte. Je raccrocherai à
l’extrémité de la crête vers 1600 dans un thermique puissant,
mais qui s’arrête à 18. La situation devient inconfortable.
Je drague la crête vers le Nord, qui ne donne
rien de terrible, et je décide d’aller explorer la crête plus
au Sud Ouest : elle est bien exposée et me permet de me
rapprocher de Jaca, mon local à ce moment étant quand même
bien tendu.
Mauvaise option. La crête est déventée et la
chute est sévère. Le local de Jaca est définitivement perdu.
Il me reste le champ référencé de Sabinanigo. C’est marrant,
hier soir je regardais justement le recueil des champs publié
pour le concours de Alp, et j’avais bien repéré
celui-là : il est Nord/Sud, avec un hangar au toit rouge
dans l’extrémité. Bien grand, il y largement la place de poser
même un grand planeur.
Tout ça en reprenant le cap de l’extrémité de
la crête, là où il y a une vigie feu. Je l’ai vue d’en haut
tout à l’heure, maintenant je la vois d’en bas. J’ouvre les
ballasts : je ne vois pas comment échapper à la vache, et
autant préparer le planeur. L’alti indique un peu plus de 11.
Je dois être à 400 m au dessus du champ, qui est encore à 3
km. Le plan est bon.
En passant le coin de la crête, le vario passe
violemment en positif. Bon, elle est balèze mais étroite.
Celle là, si elle le veut, elle peut me faire rentrer à
la maison. Je m’applique et ça monte !
Tiens, c’est curieux cette sensation de
fraicheur ! Zut, j’avais mal refermé la bouteille,
maintenant je prends un bain de siège. Il ne soulagera pas le
mal de crâne.
Mais ça remonte ! Je peux enfin reprendre
la crête principale, avec 2700 m. Mais le moral et l’énergie
n’y sont plus, et je fait demi tour au Perdido où je retrouve
le SG.
J’ai du mal à expliquer la raison de ce plouf.
Trop chargé ? peut être. Mais en début de
vol j’avais raccroché dans des bricoles, et ça marchait.
Le mal de crâne n’explique pas la chute. Il a
cependant sans doute retardé la remontée et certainement
contribué à la décision d’arrêter le vol.
A bien y réfléchir, pendant que je trainais
bas, il n’y avait plus aucun cumulus sur les étages moyens de
la Collarada, par contre, il y avait des marqueurs en milieu
de vallée. Je n’ai pas été les essayer, trop de cumulus
avaient été inertes jusque-là. Lorsque j’ai commencé à
remonter, les cumulus sont revenus. Il s’est passé quelque
chose.
La fin du vol côté Ouest du pic d’Anie était
sympa. Les pompes larges et belles. Le bonheur retrouvé. Je me
mettrai en arrivé vers l’Orhy, avec une belle réserve
d’altitude: le vent Sud-Est pouvant encore me résérver des
surprises. Mais non, c’est rentré sans efforts.
Un beau vol quand même, mais je n’étais jamais
descendu aussi bas vers les faces Sud. Content d’être
rentré !