Pour voyager loin, il faut savoir basculer vers l’axe le meilleur.
Jeudi 27 mai 2021
Ce week-end, un circuit s’est terminé aux vaches à 10 km du terrain. Perso, au vu de la météo, j’avais jugé les chances de vol en local assez limitée, à cause d’un voile de cirrus défilant assez vite, mais laissant du soleil au Nord Ouest du terrain, vers les Landes et la côte atlantique. Il a manqué une pompe au vaisseau amiral qui avait viré vers La Réole, mais dont le moteur de secours n’a pas démarré. Le maïs est de hauteur centimétrique, pas de dégâts sinon des rayures sous le nez. Poser un planeur de 25 mètres d’envergure dans un champ pas très long est du travail d’artiste. L’en sortir est du travail de gros bras.
Aujourd’hui est annoncé comme probablement le meilleur jour du mois de mai, sur le relief.
Pas de cirrus gênants avant ce soir. On va donc en profiter pour aller le plus loin possible… et rentrer.
Test moteur avant de partir. ok. La cause du non démarrage de dimanche est connue, et résolue.
Le remorqué sera on ne peut plus classique, avec largage aux orgues où une nuelle verticale balise la confluence qui d’ailleurs est modérée.
Ensuite c’est la trajectoire classique par les faces Sud, un peu molles à notre goût, probablement à cause de la pluie de ces derniers jours. Pas moyen de monter à plus de 2600 mètres jusqu’au bout de la Tendenera, les bases sont bien plus élevées sur le haut relief, c’est là que ça se passe, il faut y arriver. Les lecteurs fidèles savent qu’ensuite vers le canyon d’Ordesa, le plafond est toujours plus bas, ce qui peut empêcher de gagner la haute chaîne via le col d’Anisclo, parfois bien nommé trou de souris. Notre vision des plafonds au delà de Torla laisse présager que le trou de souris va peut-être être bouché et c’est bien dommage. Cotiella est bien emballé, Alors ce sera un passage vers la haute chaîne atypique, par Labernatoire avec raccrochage, 2mn plus tard sur la crête calcaire située au nord du gave d’Ossoué. On rejoindra la Pene Blanque puis la sierra Pelada via le Port Bieil en constatant que le trou de souris vu du nord n’était pas bouché, mais vu l’altitude de passage, le raccrochage à la Mounia eut été plus aléatoire: l’échappatoire est alors vers Ainsa en contournant la sierra de Secus. Ensuite le cheminement du jour est à cheval sur la frontière vers le lac d’Urdicetu, les faces sud des sommets du Luchonnais, pour ensuite passer coté Nord de l’Aneto, et cheminer sur la bordure nord du Montardo et de Colomers vers le Port de la Bonaigue. On évite souvent de circuler là par vent même faible de sud, car les pompes y sont foireuses. Mais aujourd’hui le vent a une composante Nord en altitude, ce qui en fait un endroit praticable. De la Bonaigue, le cheminement est on ne peut plus classique. A chaque crête sa pompe, et si la couverturenuageuse est un peu plus dense en Andorre, on avancera via AndorraFool’sFutureAirport jusqu’au lac des Bouillouse sans mauvaise surprise.
les petits points blancs sur la Tendenera, sont ce qui reste des toutes dernières chutes de neige
Ibon de Lapasoza Port de Boucharo et Taillon
La Maladeta. En bas c’est rouge sahara en haut encore bien blanc
Le lac Redon est presque à la verticale du tunnel de Vielha. En aval, le lac de Senet.
Envalira. ça a bien fondu depuis notre dernière virée dans le coin (voir récit du 31 mars).
Frontière andorranne près du Pas de La case. Tiens? y a la queue dans le sens de la montée aujourd’hui. Bizarre. Effet Covid?
Etang de Lanoux
Le Roc de la calme et à gauche la gare d’arrivée du débrayable 4 places le plus court du monde, moins de 700m. Pierre avait graphiquement mis Bouillouses comme point de virage, mais le point était plutôt par là.
Bon On ne va pas mégoter, ce sommet de Font Romeu est juste en face du lac
Au retour se posera le dilemme classique en arrivant à la Bonaigue. Cheminement Sud via Sahun ou retour par le même chemin? Et c’est là que le vol en équipage prouve son avantage. On discute énormément des options, argumente à partir de ce que l’on voit, ou ne voit pas pour différer la décision à la pompe suivante si elle peut l’être.
Basculer au Sud n’est que très rarement une mauvaise option. On sait que par régime franc de Nord il faut alors s’éloigner un peu du haut relief. A contrario, rester au Nord peut faire tomber dans une masse d’air foireuse, avec un retour difficile voire impossible. Aujourd’hui la plaine au Nord semble complètement dégagée, mais le Pic du Midi de Bigorre, depuis la Bonaigue est invisible et emballé comme le Néouvielle. Cela semble passer entre Posets et Luchonnais, mais la distance ne permet pas de voir si c’est balisé de cumulus. Au Sud du massif d’aigues Tortes la convection est bien balisée de bases noires, et le ciel semble complètement dégagé au sud vers Le Turbon. On est dans une configuration classique du vol pyrénéen
Au retour, il y a un moment crucial où il faut choisir entre faces sud et faces nord.
à droite la plaine est bien dégagée loin. Au milieu, les sommets vers le Néouvielle ont l’air accrochés. Au centre il y a bien un cumulus, et tout à fait à gauche de l’image, on voit des bases bien noires au sud des sommets des Colomers.
Vous feriez quoi?
Nous on a choisi le Sud, et c’était le bon choix.
On plonge coté Sud. Les options au sud de l’Aneto sont bonnes, les nuages tombent en cascade de la crête luchonnaise (Perdiguere etc), l’itinéraire de l’aller n’est plus bon. La pompe Sud-Ouest de Posets (que je tiens pour la meilleure du massif l’après midi) est bien au rendez vous, avec un parapente qui l’exploite emballé dans son sac à viande (l’iso zéro est à 3000m).
Au Nord col de Sahun, un parapente se fait la plus belle pompe des Pyrénées
On ira virer sans stress et avec parfois de bonne tranches de rigolade à bord, au delà de l’Orhy, en devisant sur la cascade de fumée sortant du territoire français, avant de rentrer en mesurant la finesse du vaisseau en air calme avec le bord d’attaque constellé de cadavres d’insectes, comme rarement je l’ai vu. Réponse: 36. au lieu de 50++ ailes propres. Cela donne à réfléchir avant de décider une future arrivée tangente à 50 bornes du but . On s’offrira même un test moteur en l’air ( il a démarré) avant de se poser.
ouh là, la polaire va être dégradée.
S’écoulant comme une rivière, la fumée d’un écobuage (autorisé? j’ai un doute) empoisonne l’Espagne. Pas vu, pas pris.
Vu de plus près ça donne ça. On est à l’Est de l’Orhy. Le vent est du Nord, incontestablement.
Vu coté Français après avoir viré entre Orhy et chalets d’Iraty. L’air est aspiré par la confluence qui est là bas matérialisée par les cumulus sur la Forca.
le dessin du jour:
La montagne est belle.