Début de vol au Sud (mais en fait, avait-on une autre solution?) avant de basculer sur le haut relief.
Jeudi 6 août 2020
Le vol à voile a considérablement évolué depuis une vingtaine d’année. On voit de plus en plus de planeurs performants, autonomes au décollage, qui peuvent se permettre grâce à des prévision météo de plus en plus fines, des trucs que l’on n’aurait pas imaginé il y a seulement 10 ans.
En ce Jeudi 6 aout, c’est encore la canicule.
J’ai mis du temps à récupérer du vol de la semaine dernière. Pas tellement du vol d’ailleurs, mais plutôt de la séance de rangement saharienne qui a suivi. Il faisait 46 au thermomètre de la voiture quand je suis monté dedans. En roulant la température a réussi à tomber à 32.
Perseverare diabolicum, nous voila repartis avec Pierre. Le remorqueur est plein de carburant à ras bord, la chaleur est costaude. L’accélération et le décollage se sont bien passés, avec une marge confortable en bout de piste, mais la montée sur le relief est lente. On arrive à Ansabère sous la crête. il est 13h légale, et il y a UNE matérialisation vers l’extrémité de la Collarada. il n’en faut pas plus pour choisir l’option faces sud, qui si vous avez lu le récit précédent peut ne pas être une bonne idée.
Largué! Il y a une nuelle là-bas, vers la Tendenera.
On chemine ensuite sur le parcours habituel sans vraiment grimper, trouvant les pompes aux mêmes endroits que d’habitude. Il y a même des planeurs de Jaca déjà en l’air. On partage une pompe avec des vautours Percnoptères (partager est un grand mot. En fait ils nous ont éjecté).
Il y a des randonneurs sur chaque caillou
L’ours de la Tendenera
Ce vautour fauve n’a pas décollé. Il attend que ce soit meilleur.
La journée est annoncé fumante. Pierre et Paul sont identifiés sur la fréquence, trahis par leur accent Belge. L’un a décollé de Bordeaux Saucats (EB 28 motorisé) a coupé son moteur vers Mauléon, et commencé son circuit au Port de Larrau, l’autre a décollé de Nogaro ( AS 32 motorisé), coupé le moteur sur la frontière vers les pics rouges et démarré son circuit au bout du Visaurin. Sans une prévi météo fiable disant que ce sera bon sur le relief et surtout que le retour sera possible sans une entrée maritime scélérate, ce type de vol n’est pas imaginable. Les deux apôtres auront du mal à se sortir de la face Sud pour passer sur la chaine centrale, ce que nous réussissons à faire depuis la Tendenera, comme la semaine dernière, mais ensuite ils allumeront. On les aura derrière nous puis au dessus en fin de notre parcours, le leur se terminant évidemment à Saucats (avec sortie du moteur aux confins de la Gironde et des Landes) et Nogaro (avec sortie du moteur à Lasseube). Gagner la masse d’air centrale via le Sud depuis Oloron était donc à portée de longue plume, probablement plus difficile pour un pégase même bien chargé et bien mené. La grande finesse fait la différence. C’est un autre vol à voile.
Pierre et Paul cheminent en bas.
On entre dans le système central (atmosphériquement et géologiquement parlant), à l’Est de Penticosa, vers le lac de Catieras. 3300 mètres. la suite sera classique.
Pene Blanque
Pene Blanque, Posets et Aneto, puis une transition plus longue vers le lac de St Maurici, où la pompe du col nous propulse à 3800m, ce qui permet de découvrir de plus haut le Sud du parc de St Maurici. On voit le complexe de lacs reliés entre eux pour un turbinage dans la haute vallée de Capdella: Estany de Cubieso, Tort et bien d’autres. On aperçoit au centre de l’image l’estany de Saburó, qui suite à ce que l’on pourrait qualifier d’accident industriel a perdu près de 100 mètres d’eau, et ne les retrouvera jamais (il faudrait cent ans pour un remplissage naturel). Ces lacs sont accessibles depuis la vallée de Capdella en arrière plan.
Estany de Cubieso, Tort et bien d’autres, accessibles depuis la vallée Capdella en arrière plan
de 3800m, on peut faire le schuss vers le Monteixo, où il y a du monde. C’est le point commun au planeurs basés à Alp ou La Llagonne et tous ceux venant de l’Ouest.
Depuis haut au-dessus du Monteixo, on voit la crête Andorrane, la station de Pal et la piste qui en descend vers Tor
A droite de notre route, on a ensuite vue sur l’Andorre…
Granvalira. A gauche Pas de la Case, au centre le port d’Envalira
…et à gauche sur la France, avec ce chantier nouveau dans la vallée entre Mérens-les-Vals et L’hospitalet. Un grand hangar tout neuf est apparu cet hiver au fond de cette vallée étroite près de l’entrée inférieure du tunnel ferroviaire hélicoïdal de la ligne du Puymorens: C’est une usine d’embouteillage pour une eau minérale locale, qui portera le nom de « Ô 9 », fin des travaux en 2021. Mérens n’aura donc pas que l’embouteillage de la montée en Andorre pour assurer sa célébrité.
On remarquera qu’aucun branchement SNCF ne semble prévu. Des camions en plus sur cette route de montagne. Je ne donne pas cher de l’usine si une crue dévastatrice fait sortir l’Ariège de son lit, suite à une embâcle d’avalanche de fonte en amont (c’est possible). Le pierrier à gauche de l’image n’est quant à lui pas vraiment un truc stabilisé. La montagne a toujours raison.
Ō9.
On tournera au Carlit, oubliant raisonnablement le but fixé au Canigou (« ça tu peux oublier » chante la radio à cette évocation)
C’est un peu brumeux sur la grande bleue, mais on l’a aperçue, si si.
Au loin le Canigou avec le lac des Bouillouses au 1er plan
Le retour sera facile. Au sud de l’Aneto on croise un parapente à plus de 3400 mètres d’altitude à 17h passé.
Parapente au lac de Cigüeña (Aneto)
Sa voile ne correspond pas à la couleur de celle d’un parapentiste signalé disparu le lendemain matin, potentiellement dans ce secteur. A cette nouvelle, j’ai épluché toutes mes photos pour voir si nous ne l’aurions pas croisé ou si par chance une voile au sol…. Rien. Il n’a été retrouvé que 6 jours plus tard, sur la face Nord, coté Luchonnais.
Les fantastiques plissotements (avec failles inverses) de Posets. Au fond l’Aneto.
en bout d’Aile « la dent » et le lac de Llardaneta. L’endroit est géologiquement bien chahuté
On a fait un point sur la Partacua et musardé ensuite entre les sommets de Gavarnie et la vallée d’Aspe, à des altitudes compatibles avec le survol du parc, un plaisir rare, car les plafonds à 3800 voire 4000 mètres en thermique, ce n’est pas tous les jours qu’on les rencontre.
Vignemale, coté Espagnol. Notez l’altitude de la base des cumulus sur le mont Perdu
On croisera encore du monde vers les orgues, des planeurs en finesse confortable de… Jaca
Si la visi avait été bonne en basses couches, on aurait vu Méditerranée et Océan lors du même vol. En été avec cette chaleur, pas possible le pays basque était trop brumeux…
La montagne est belle