Mauvais choix au Sud. C’est le haut relief qui est bon.
Jeudi 30 juillet 2020
La météo du jour est estivale et caniculaire:
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Pas d’alimentation humide atlantique jeudi 30 juillet . Entrée maritime non prévue.Le régime est de Sud-Ouest en altitude et plutôt marqué (15 à 25km/h de sud ouest à 3000m). Une dépression thermique s’installe sur l’Espagne, dirigeant un flux de sud et de l’air saharien vers nous. Pas de laminaire exploitable à espérer, mais de la turbulence possible.Il fera très chaud. Iso zéro à 4500 m dans la masse d’air saharienne.Les modèles montrent des thermiques exploitables à plus de 3700 mètres en faces sud. max 4100? Attention, ça va partir en orage assez tôt sur le Nord de la Castille, et alimenter un voile de cirrus d’enclume tueur de convection dès 17 heures sur les Pyrénées occidentales. Orages probables ensuite après 20 heures.
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Je n’aime pas trop voler en conditions de cagnard.
On se déshydrate au sol avant de partir, on est bien en l’air (enfin, si on accroche) et on se déshydrate au retour en rentrant les planeurs, même en buvant comme un trou. Et le lendemain on est lessivé. J’ai connu ça en Castille, mais au moins, la chaleur y est sèche.
Aujourd’hui on annonce 40° au sol en Béarn dans l’après midi. Il y aura intérêt à accrocher.
Pendant qu’on met en piste, on passe à deux doigts d’une neutralisation de celle-ci pour un certain temps: un aéronef s’annonce à la radio, de présente en base droite pour la 25 sans faire une verticale préalable, overshoote l’axe pour un dernier virage sur Hérrère sous le plan à 5% (vu du seuil de piste il disparaît un temps derrière les arbres) et sans que je puisse avoir le temps de réagir à la radio (je suis au seuil 25 dans la voiture de piste, en fin mise en place d’un planeur). Il se pose sur le drain entre la piste avion et la piste planeur. On fait remarquer au pilote qu’il n’a pas lu la carte VAC ni fait de verticale préalable à un posé en terrain non contrôlé et inconnu pour lui, il nous engueule copieusement, et s’en vantera un peu plus tard dans la voiture de son pote venu le chercher (j’avais oublié mon sandwich dans la mienne stationnée à coté) j’ai tout entendu. On a déjà récupéré des avions roulette avant explosée voire pire sur ce drain séparateur des pistes, qui est jalonnée de regards un peu proéminents. Vu du ciel, le balisage des piste est sans ambiguïté: Il y a des V en seuil de piste. En finale au ras des ronces, le drain peut passer pour une zone posable plus usée que le reste. Les conséquences d’un tel comportement nous auraient certainement moins impactées que le propriétaire de l’avion, une grande gueule incapable de se remettre en question. A vrai dire je n’avais jamais vu ça, Avec Pierre on en est resté scotché.
On décolle vers 12h45, ce qui est plus tôt que d’habitude à Oloron. Largué aux Orgues de Camplong (où l’on sent qu’il y a du Sud) pour raccourcir la rotation du remorqueur, on se dit que ça va démarrer.
Impossible à ce moment là de savoir où. Rien de matérialisé nulle part.
Aux orgues. Bleu partout.
19h30: Cela gronde déjà sur le relief.
L’inversion de la plaine est à peine discernable, et là bas au Sud, la fournaise de la vallée de l’Ebre est matérialisée par un horizon blanchâtre. La convection ne fait que démarrer, l’essentiel est donc de rester en l’air tout en avançant prudemment. La pompe de la montagne de l’Hurs fonctionne. Ensuite, Ansabère, Forca, Visaurin Pic d’Aspe, Tendenera, on monte en pur à peine au dessus des crêtes, et devant, on n’imagine pas bien comment on va rejoindre la confluence qui a finit par apparaitre mais est centrale aujourd’hui.
Mauvais choix.
Mauvais choix, ça se passe au Nord aujourd’hui, là bas coté français.
Mauvais choix, ça se passe au Nord aujourd’hui.A 2300m au canyon d’Ordesa, demi-tour pour garder le local de Jaca. On refait le plein à la Tendenera, d’où on voit bien que l’option sud ( à droite de l’image ) était mauvaise.
Le cheminement Sud n’était pas le bon.
Le cheminement Sud n’était pas le bon.
On profite d’une bulle plus puissante pour tenter l’épaulement Sud-Ouest du pic d’enfer, qui théoriquement devrait nous sortir d’affaire.
Le cheminement Sud n’était pas le bon.Transit vers le pic d’Enfer, cap au Nord-ouest. Les Bains de Penticosa à gauche de l’image
Le cheminement Sud n’était pas le bon.
Gagné! mais on est en l’air depuis deux heures.
Pic d’enfer (3082 m), marqués par cette couche de calcaires dévoniens redressées et faillée. De loin on peut penser à de la neige. A ses pieds les lacs de Pondielos.
On passe ensuite sous une escadrille de migrateurs cap au Sud. Possible fin juillet (les martinets visiteurs d’été, sont bien partis depuis une semaine) mais précoce semble-t-il. Des milans?
Ensuite ce sera un cheminement dans cette confluence, avec un grand schuss entre Pic Long et Bosost, suivi d’un point tournant à Arcalis (Andorre) vers 16h avant un retour par l’Aneto.
Le haut de la station andorrane d’Arcalis.
A gauche on aperçoit un bout de route jamais achevée qui aurait pu relier Ariège (Vicdessos) et Andorre. Un projet contemporain de la construction du dernier grand barrage pyrénéen (Soulcem) dans les années 1980. Andorre a même foré un bout de tunnel sous le Port de Rat qui est à plus de 2500m d’altitude. On aperçoit son entrée. Le projet s’est arrêté là. On imagine le coût de maintenance d’une telle route pour le contribuable français, sans compter celui d’un poste douanier en cet endroit, comme celui du Pas de la Case….
Etang de Soulcem, au sud de Vicdessos en Ariège
Le retour vers l’Ouest se fait haut. On choisit un cheminement plus au sud qu’à l’aller, où les trous géants entre pompes n’étaient pas une invitation à y revenir.
Tuc Ratera et lac Obago (à gauche cirque de Colomers). Oui Pierre, ce chemin est là uniquement pour monter au Ratera.
Glacier de la Maladeta
Lac de Cregüeña au pied de la maladeta
Ce qui est bien avec un ASH, c’est qu’à 3500 mètres au Km116 on est en local d’Oloron. Il est 16h51, on respecte la consigne: être en local à 17h. Suivra un long vol plané, tandis qu’apparait par le sud la zone cirrusseuse issue des enclumes trahissant des orages cap vers nous, parfaitement invisibles à nos yeux.
On croise du monde vers le port de Bielsa (on voit l’entée nord du tunnel au centre de l’image)
De la verticale d’Oloron, On voit le grossier merle du matin s’aligner à 100 mètres du seuil 25, (ce qui est cohérent avec son comportement déjà prouvé) qui au passage n’utilise pas la phraséologie standard, cohérent aussi.. On attend prudemment qu’il soit sorti de la zone pour se poser dans la fournaise. Le vent légèrement d’Est est brûlant.
Pendant qu’on rentre les planeurs, le voile d’altitude arrive et sous lui des congestus poussent comme des champignons. C’est conforme à ce qu’on déduisait des différentes sources de prévisions dont on dispose.
19h30: Cela gronde déjà sur le relief.
Le ciel noircit et l’orage sera en entrée de vallée d’Aspe avant 20 heures, en avance sur le modèle, lequel, ce matin, n’avait pas vu venir, mais alors pas du tout, la violence de ce qui s’est passé ensuite sur le Béarn, foudroiement, arbres déracinés… et peu de pluie. Il a fallu même arroser le potager le lendemain.
La montagne est belle