Confluence
d’anthologie avec plafonds d’été en mars
Grâce aux
modèles, les prévisions s'améliorent encore et toujours. Le
point faible semble ne plus être la prévision, mais ce que
l'on en fait, et ma foi, c'est une bonne et une mauvaise chose
pour notre activité: il faut toujours avoir à l'esprit qu'un
paramètre n'a pas été bien pris en compte dans la
modélisation. On le fait "de visu" et on en
tire des conclusions qui nous font regretter, ou pas, d'avoir
pris la décision de ne pas voler.
Le 30 mars, le
modèle n'avait pas prévu que la couche nuageuse de moyenne
altitude, bien annoncée, ne se désagrègerait pas si lentement.
La présence d'une couche de ce type en système saharien tient
d'ailleurs à peu de chose. Mais si elle est là, elle absorbe
le rayonnement solaire qui du coup n'atteint pas le sol, et la
convection se déclenche plus tard ou pas.
La présence de
parachutages ce matin là sur le terrain, a retardé une
éventuelle sortie du matériel. Cela peut paraitre idiot, mais
qui a été témoin de ce genre d'exercice sait que d'une
palanquée à l'autre, l'atterro peut être au Sud de la piste,
parfois dans un arbre, ou au Nord, parfois sur le toit du
hangar, voire sur un planeur stationné là, cela s'est déjà
produit.
1er
passage :
un para dans les arbres au sud, 2eme passage un para dans le
fossé au nord, à 30 mètres du parking planeur.
Le ciel devait
se dégager dès 11 heures. Il l'était loin à l'Est vers le val
d’Azun, mais comme écrit plus haut, on est en conditions
sahariennes: poussière à tous les étages, le ciel est blanc,
on ne voit pas si des nuelles se forment là bas. On a donc
abandonné l'idée de sortir le matériel et démobilisé Michel
qui était venu nous remorquer. En rentrant à la maison, j'ai
aperçu difficilement un vague cumulus vers Ferrière, la couche
de nuage s'était décalée vers l'Ouest. En fait la confluence
s'est bien formée près de la crête frontière et s'est étendue
sur 3 départements (65-31-09), mais d'en bas on n'en a rien
vu.
31 mars 2021
Cette fois ci
on va y arriver. Une confluence va se former, plus près de
nous, une situation qu'on connait bien. Avant même le
décollage on sait qu'on se fera remorquer sur la crête entre
Aspe et Ossau, vers le Lauriolle, et bingo. Seul truc
étonnant: la poussière sableuse. Il n'y a pas d'inversion,
c'est crade jusqu'à plus de 3700m (alt max de la journée).
C'est alimenté en poussière depuis la zone de Regane au
Sahara. Une partie en basse couche fait le tour du relief par
le Roussillon, l'autre, en haut, arrive direct et franchit le
relief. Les deux masses sont sèches et peu différentes: on ne
verra pas ou peu d’écart d’altitude entre les bases des
cumulus d'un coté à l'autre de la confluence. Depuis le point
de départ, on ne voit pas si c'est matérialisé au delà du col
d'Aubisque, soit une visibilité horizontale de 10 à 15 km.
L'Ossau est à peine visible dans la brouillasse. Ce n'est pas
une journée à faire de belles images.
On découvre
donc au fur et à mesure l'itinéraire optimal.
Verticale Pic
du midi de Bigorre, Vallée d'Oueil, Mont Ludo, Baqueira Beret,
Monteixo, L'hospitalet-Près-l'Andorre, à l’entrée Nord du
tunnel ferroviaire du Puymorens et retour par le même
itinéraire.
Le
Lauriolle,
un chico atypique planté à l’Ouest de la crête entre Aspe et
Ossau
Pic
du Midi de Bigorre, face Nord-Est. On est dans la confluence
inhabituellement très au nord. L’Ardiden au fond est à peine
visible
La
station
de ski de Baqueira est partiellement ouverte : c’est la
semana santa, l’Espagne est en vacances.
La langue de neige
artificielle qui permet de redescendre skis aux pieds est
entretenue.
il
ne reste que de la neige de culture sur le bas des domaines
skiables (ici Pal, en Andorre)
Le
site du projet d’aéroport Andorran, au pied du port
d’Envalira, coté Sud, à près de 2000 mètres d'altitude.
Les pessimistes
répondront qu’Andorre est capable de tout, que ce n’est pas un
havre de zadiste, et que quand l’argent provenant de
privilèges fiscaux ahurissants coule à flot, on peut faire
aboutir les projets les plus fous, et au passage en faire
financièrement profiter quelques bureaux d’études et
entreprises des pays voisins. Un espace aérien de classe D
avec transpondeur obligatoire pour 2 avions par jour, c’est
possible aussi. J’espère ne pas voir ça.
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La lumière
était meilleure pour shooter le pic au retour.
On fera un peu
de rab entre Laruns et Campan , se fera enfumer sur la crête
Aspe Ossau, avant de terminer vers Behorléguy et rentrer en
respectant les règles*.
On est le 31
mars. Dernier jour d’enfumage légal sans dérogation, qui
s’ajoute à la poussière saharienne, avec cumulus au
sommet :
J’avoue
que
ça montait bien là dessous, mais on n’est pas resté longtemps,
c’est pas bon pour les bronches.
Berhorleguy.
Après
la luminosité blanche de neige et de diffraction dans la
poussière, un peu de verdure basque repose les yeux
* Note de
bas de page web: Rappel des règles en vigueur en Absurdistan
administratif en 2020-21 pour qui lira ce texte dans un
futur lointain (qui sait ? si un méchant virus ou une
tempête solaire ne détruit pas la mémoire dématérialisée).
Il ne s’agit pas de règles de l’air, mais de règles
générales publiées par décrets. Un méchant virus, pas
informatique celui là envoie un grand nombre de gens à
l'hôpital, et un peu moins de 2% des atteints au cimetière.
Pour limiter les risques de transmission et la saturation
des hôpitaux qui en découle, l'état a décidé de tenter de
limiter les relations sociales. On a déjà eu deux
confinements dans le pays depuis un an (nous sommes en
deuxième année de pandémie), et un vaccin, ça ne sort pas du
chapeau comme ça en 2020 2021. La règle du moment, le 31
mars 2021, (ça change tout le temps) est, pour notre région,
pas de sortie après 19h. Mais comme toute règle a des
exceptions, les formations sont autorisées H24. Il faut
juste cocher la bonne case dans un formulaire mis à
disposition par l'état, dater, signer. Aujourd'hui j’étais
donc en formation dans l'ASH, en présence de Benoit,
instructeur, et peux rentrer à la maison après l’heure du
couvre apéro, règlementairement et abusivement baptisé
couvre-feu, en vigueur de 19 heures à 6 heures du matin.
Tout est légal. Voilà pour la forme. Sur le fond, je suis
vacciné depuis 10 jours, je vole masqué, l'air circule en
cabine, et tous deux vivons reclus dans nos domiciles
respectifs sans faire la fête avec qui que ce soit. Dura lex
sed lex.
Sur la route du
retour, pas si déserte que cela, il y a de la circulation pour
un département sous couvre-feu. J’entends le président
de la république annoncer sur les médias un 3eme confinement,
et donc de nouvelles règles pour le 64, les mêmes d'ailleurs
que celles appliquées dans le 75 depuis quelques temps et qui
s'étendent à tout le pays. A partir de la semaine prochaine,
et pour 4 semaines, vacciné, immunisé naturellement ou pas, on
ne pourra plus aller voler, ou tout au moins décoller à plus
de 10 km de chez soi. Il y aura sans doute des exceptions et
des cases différentes à cocher sur un formulaire.
A peine commencée, la saison vélivole a un coup dans l’aile.
La montagne est
belle, la bureaucratie trop bête et trop aveugle pour la
mériter.