Le vol à voile a
considérablement évolué depuis une vingtaine d'année. On
voit de plus en plus de planeurs performants, autonomes au
décollage, qui peuvent se permettre grâce à des prévision
météo de plus en plus fines, des trucs que l'on n'aurait pas
imaginé il y a seulement 10 ans.
En ce Jeudi 6 aout, c'est
encore la canicule.
J'ai mis du temps à récupérer
du vol de la semaine dernière. Pas tellement du vol
d'ailleurs, mais plutôt de la séance de rangement saharienne
qui a suivi. Il faisait 46 au thermomètre de la voiture
quand je suis monté dedans. En roulant la température a
réussi à tomber à 32.
Perseverare diabolicum, nous
voila repartis avec Pierre. Le remorqueur est plein de
carburant à ras bord, la chaleur est costaude.
L'accélération et le décollage se sont bien passés, avec une
marge confortable en bout de piste, mais la montée sur le
relief est lente. On arrive à Ansabère sous la crête. il est
13h légale, et il y a UNE matérialisation vers l'extrémité
de la Collarada. il n'en faut pas plus pour choisir l'option
faces sud, qui si vous avez lu le récit précédent peut ne
pas être une bonne idée.
Largué!
Il
y a une nuelle là-bas, vers la Tendenera.
On chemine ensuite sur le
parcours habituel sans vraiment grimper, trouvant les pompes
aux mêmes endroits que d'habitude. Il y a même des planeurs
de Jaca déjà en
l'air. On partage une pompe avec des vautours Percnoptères
(partager est un grand mot. En fait ils nous ont éjecté).
Il y a des
randonneurs sur chaque caillou
L'ours
de
la Tendenera
Ce
vautour
fauve n'a pas décollé. Il attend que ce soit meilleur.
La journée est annoncé
fumante. Pierre et Paul sont identifiés sur la fréquence,
trahis par leur accent Belge. L'un a décollé de Bordeaux
Saucats (EB 28 motorisé) a coupé son moteur vers Mauléon, et
commencé son circuit au Port de Larrau, l'autre a décollé de
Nogaro ( AS 32 motorisé), coupé le moteur sur la frontière
vers les pics rouges et démarré son circuit au bout du
Visaurin. Sans une prévi météo fiable disant que ce sera bon
sur le relief et surtout que le retour sera possible sans
une entrée maritime scélérate, ce type de vol n'est pas
imaginable. Les deux apôtres auront du mal à se sortir de la
face Sud
pour passer sur la chaine centrale, ce que nous réussissons
à faire depuis la Tendenera, comme la semaine dernière, mais
ensuite ils allumeront.
On les aura derrière nous puis au dessus en fin de
notre parcours, le leur se terminant évidemment à Saucats
(avec sortie du moteur aux confins de la Gironde et des
Landes) et Nogaro (avec sortie du moteur à Lasseube). Gagner
la masse d'air centrale via le Sud depuis Oloron était donc
à portée de longue plume, probablement plus difficile pour
un pégase même bien chargé et bien mené. La grande finesse
fait la différence. C'est un autre vol à voile.
Pierre
et
Paul cheminent en bas.
On entre dans le système
central (atmosphériquement et géologiquement parlant), à
l'Est de Penticosa, vers le lac de Catieras. 3300 mètres. la
suite sera classique.
Pene
Blanque
Pene Blanque, Posets et Aneto,
puis une transition plus longue vers le lac de St Maurici,
où la pompe du col nous propulse à 3800m, ce qui permet de
découvrir de plus haut le Sud du parc de St Maurici. On voit le
complexe de lacs reliés entre eux pour un turbinage dans la
haute vallée de
Capdella:
Estany de Cubieso, Tort
et bien d'autres. On aperçoit au centre de l'image
l'estany de Saburó, qui suite à ce que l'on pourrait
qualifier d'accident industriel a
perdu près
de 100 mètres d'eau, et ne les retrouvera jamais (il
faudrait cent ans pour un remplissage naturel).
Ces lacs sont
accessibles depuis la vallée de Capdella en arrière
plan.
Estany de Cubieso, Tort et bien
d'autres, accessibles depuis la vallée Capdella en arrière plan
de
3800m, on peut faire le schuss vers le Monteixo,
où il y a du monde. C'est le point commun au
planeurs basés à Alp ou La Llagonne et
tous ceux venant de l'Ouest.
Depuis
haut
au-dessus du Monteixo, on voit la crête Andorrane, la station de Pal et
la piste qui en descend vers Tor
A droite de notre route, on a
ensuite vue sur l'Andorre...
Granvalira.
A
gauche Pas de
la Case, au centre le port d'Envalira
...et à gauche sur la France,
avec ce chantier nouveau dans la vallée entre
Mérens-les-Vals et L'hospitalet. Un grand hangar tout neuf
est apparu cet hiver au fond de cette vallée étroite près de
l'entrée inférieure du tunnel ferroviaire hélicoïdal de la
ligne du Puymorens: C'est une usine d'embouteillage pour une
eau minérale locale, qui portera le nom de "Ô 9", fin des
travaux en 2021. Mérens n'aura donc pas que l'embouteillage
de la montée en Andorre pour assurer sa célébrité.
On remarquera qu'aucun branchement SNCF ne semble prévu. Des camions en plus sur cette route de montagne. Je ne donne pas cher de l'usine si une crue dévastatrice fait sortir l'Ariège de son lit, suite à une embâcle d'avalanche de fonte en amont (c'est possible). Le pierrier à gauche de l'image n'est quant à lui pas vraiment un truc stabilisé. La montagne a toujours raison.
Ō9.
On tournera au Carlit,
oubliant raisonnablement le but fixé au Canigou ("ça tu peux
oublier" chante la radio à cette évocation)
C'est un peu brumeux sur la
grande bleue, mais on l'a aperçue, si si.
Au loin le Canigou avec le lac des Bouillouses au 1er plan
Le retour sera facile. Au sud
de l'Aneto on croise un parapente à plus de 3400 mètres
d'altitude à 17h
passé.
Parapente
au
lac de Cigüeña (Aneto)
Sa voile ne correspond pas à
la couleur de celle d'un parapentiste signalé disparu le
lendemain matin, potentiellement dans ce secteur. A cette
nouvelle, j'ai épluché toutes mes photos pour voir si nous
ne l'aurions pas croisé ou si par chance une voile au
sol.... Rien. Il n'a été retrouvé que 6 jours plus tard, sur
la face Nord, coté
Luchonnais.
Les
fantastiques plissotements (avec failles inverses) de
Posets. Au fond l'Aneto.
en
bout
d'Aile "la dent" et
le lac de Llardaneta. L'endroit est géologiquement bien
chahuté
On a fait un point sur la
Partacua et musardé ensuite entre les sommets de Gavarnie et
la vallée
d'Aspe, à des altitudes compatibles avec le survol du parc,
un plaisir rare, car les plafonds à 3800 voire 4000 mètres
en thermique, ce n'est pas tous les jours qu'on les
rencontre.
Vignemale,
coté
Espagnol. Notez l'altitude de la base des cumulus sur le
mont Perdu
On
croisera
encore du monde vers les orgues, des planeurs en finesse
confortable de... Jaca
Si la visi avait été bonne en
basses couches, on aurait vu Méditerranée et Océan lors du
même vol. En été avec cette chaleur, pas possible le pays
basque était trop
brumeux...
La montagne est belle