Samedi 28
Le bulletin
météo est formel: orages fortement probables à partir de 17
heures et dégradation nuageuse à l'Ouest avant les orages.
Florian a annoncé qu'il rentrera tôt pour démonter le
planeur, mais ne précise ni le jour ni l'heure, comme la
suite de l'histoire va nous le montrer.
On décolle avec
Pierre dans l'albatros à 11h30. Deux avions remorqueurs
étant activés, le Janus ne tarde pas à nous rejoindre. La
zone de départ est magnifique.
Le janus dans la zone
d'accrochage.
Le plafond s'abaisse vers
l'Ouest plus vite que le planeur ne descend.
Seul bémol, il
est tôt, et les nuages sont un peu bas sur les crêtes. On
est même obligé de sortir les aérofreins pour ne pas se
faire avaler par le plafond qui descend vers l'Ouest: Ies
nuages y emballent même l'antenne qui domine Andorre la
Vieille coté Est, point de départ de la traversée de la
principauté, et sont plus bas encore de l'autre coté. Comme
il n'est guère question de traverser, on revient vers le
Carlit en attendant que le plafond remonte, avec vue sur la
constellation de lacs située à l'Ouest et au Nord des
Bouillouses.
Lacs et refuge de
Camporells
La face Est du Puig Peric
Puis, par un
cheminement plus central, donc plus sec, et donc aux bases
de nuages plus élevées on avance par le Pas de la Case.
La, station du Pas de la
Case. La dissymétrie de l'urbanisme a une cause: la rive
droite de l'Ariège est en France avec une exception: le pont
et le rond point ont fait l'objet d'une vente de territoire
aux Andorrans lors de la construction du tunnel d'Envalira
On chemine
jusqu'au Monteixo où le vent est favorable au vol de pente
au ras des nuages. On les longe, jusque devant la pointe
terminale de la crête.
Sur la pente du Monteixo
C'est puissant: instabilité et dynamique sont en phase. Un coup de pied-manche à gauche pour ne pas être avalé par le nuage, petite ressource et hop, nous voilà en laminaire devant le nuage, dans un ressaut ondulatoire laminaire qui nous permet de virer haut à Peyresourde.
En onde. Le val d'Aran est
devant. Loin à l'Ouest un congestus sort de la couche
nuageuse.
Peyragudes Piste de ski à
droite, piste de l'altiport à gauche
Sommets du Luchonnais au
1er plan avec le Maupas dominant les lacs vert et bleu. En
arrière plan, la Maladeta.
C'est le
deuxième vol de ce type cette semaine. Je vais finir par
croire que ce genre de situation est courante ici. On
revient du Luchonais en finesse en longeant les nuages sans
enrouler une pompe, pour virer à Montlouis à 2900m. 150 Km
de surf silencieux.
L'aérodrome de la Seu.
Au-dessus des cumulus, on aperçoit une enclume très loin au
sud. A surveiller.
La masse d'air
ne semble pas dégénérer en cunimbe, bien que depuis un
moment on aperçoive des enclumes suspectes, loin au vent,
qui dérivent forcément sur nous. On va donc, tout en les
surveillant, voir
le Rubio, où nous avons viré hier avec Bertrand. Puis on
pousse vers Pont de Suert, mais la masse d'air n'est plus
aussi favorable. Grands espaces bleus, pompes carrées, et
étalement qui gagne le relief par l'Ouest. On s'arrête là.
Deux planeurs sont justement à l'Ouest: B enoit avec Florent
sur le Janus, et Florian sur son DG. Ils ne raccrochent
plus. Le meilleur choix eut été de ne pas tenter d'aller par
là à cette heure, le modèle météo généré la veille ne
donnait rien de bon vers 17h00 locale. Les modèles sont
parfois farfelus dans le détail, mais se trompent rarement
sur la tendance.
Ce qui est fait
est fait. Ils sont en local du champ de Sort, et du terrain
ULM de Castejon de Sos. Le champ de Sort a été visité
dimanche dernier. L'herbe y est très haute, ce qui
évidemment est invisible d'en haut:
Un démontage de
nuit sous la pluie dans de l'herbe haute, ça vous dit? Sans
compter le cheval de bois où les buses scélérates masquées à
l'attero. "On va se poser à Castejon" annonce Benoit alors
qu'on est sur le plan de finesse + 700 mètres au Km 50 pour
Alp. " La nuit va être longue, mais ce choix est le bon",
pense-je tout haut dans l'Ash25: le terrain ULM est sûr
à l'atterrissage, mais trop court pour en redécoller
derrière un remorqueur. Il faudra aller les chercher avec
leurs remorques. On se pose quant à nous avant l'orage, on
protège l'Ash, le Lak en est mis boite en prévision du
retour demain, il sera prêt pour le voyage de retour demain,
et en route alors que la pluie arrive et que le jour
décline.
On a échappé à ce cunimbe
là, on aura les suivants.
195 km aller,
par une route franchissant trois cols et ne comportant aucun
tronçon avec une ligne droite de plus de 100 mètres de long.
Je suis l'un des chauffeurs, bien conscient qu'il va falloir
gérer l'éveil. Grignotteries à bord, coca dans la glaciaire
(un peu tiède mais bon) et pas d'effort de levage pour
protéger ma putain de cheville toujours douloureuse, dont je
vous fait grâce des photos. Détente dans la voiture pendant
que les cing autre équipiers mettent en boite.
Florian a pris des photos de Castejon, que je n'ai jamais vu
que d'en haut, de jour. Le site est magnifique
C'est le seul terrain sûr
entre Jaca et La Seu de Urgell.
Le dépannage se
fait à la lueur des phares. Ensuite il est vraiment trop
tard, même pour l'Espagne, pour l'omelette traditionnelle
des dépanneurs, et c'est une bonne chose, car pour le coup
j'aurais été incapable de conduire 200 bornes rassasié. Il
aurait fallu coucher sur place. J'avais le duvet dans le
coffre au cas où.
Mise en boite du Janus et
du DG à la lueur des phares, sur le terrain de Castejon,
après l'orage.
Le voyage de
retour s'est bien passé sans sommeil, avec des passagers
actifs pour veiller au grain. Florian a donc tenu promesse:
il est rentré tôt. Ce dépannage double à 195 km de la base
avec une route tortueuse restera tout de même dans les
annales
La carte du jour:
En rouge la trajectoire en Ash, en bleu celle des voitures de dépannage du Janus et du DG.
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