De l'exploitation d'une onde humide par
fort vent d'Ouest
Comme
tous les vendredis (enfin si j'ai accès au net )
je diffuse une synthèse météo réalisée à partir des
données accessibles gratuitement sur le net. Cela va
du bulletin officiel espagnol à divers modèles
numériques, avec leurs qualités et défauts. Leur
qualités: à 24 heures ils sont plutôt bons. Leur
défauts: échelle grossière, absolument pas dédiés au
vol à voile, et non calés car non calables sur des
observations à notre échelle Pyrénéenne. Voilà ce que
j'écrivais vendredi 3 janvier 2014:
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Observation du jour, vendredi 3 janvier 2014
Couvert puis franchement bouché, pluie, il est tombé 6mm
aujourd'hui. Faible pluie jusqu'à 4 heures du matin samedi.
La piste sera mouillée.
Nous restons dans un régime général de sud-ouest plutôt doux
avec de belles matérialisations ondulatoires alternant avec
un temps complètement bouché, et ça va durer encore
jusqu'au 11 janvier au moins, selon les modèles, avec un
basculement au nord-ouest de samedi après midi à la nuit de
dimanche à lundi.
Demain samedi: vent de sud au niveau des crêtes 70Km/h
à 1500 m, SW à 3000 metres 90km/h annoncés en atmosphère
libre. Basculement au nord-ouest dans le courant de
l'après-midi. L'heure précise ne m'est pas accessible, le
TAF de 18h00 à PAU donne un passage à
l'ouest 14knts à 14h00 nuages fragmentés à 600
mètres passant ensuite à 15 knts avec bourrasque
à 35knts de 16h00 à 19h00 sous cunimbes. Le
basculement atteindra St Gaudens un peu plus tard. Ce
basculement est annoncé une heure avant à Biarritz. je vous
laisse calculer sa vitesse de déplacement vers l'Est.
Treuillage: possible pour monter tomber en matinée, avant
passage du vent à l'Ouest
Circuit: non. Plutôt du local élargi au vent du terrain et
si décollage tôt pourquoi pas? Ce sera musclé, car la
tendance n'est pas à une atmosphère froide et hyperstable.
Il faudra vraiment surveiller ce qui se passe en basse
couche, et anticiper un possible coup de vent, Oloron étant
en limite de l'air mort au sol par vent du 260 avec
turbulence sévère possible très près du sol.
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Au vu de
cette situation j'ai préféré rester sur le plancher des
vaches. et observer. La lessiveuse position essorage,
éventuellement jusqu'au sol, si on n'est pas prévenu, ça se
gère. Si on est prévenu et qu'on y va quand même, est-ce
bien raisonnable?
Au petit
matin, le ciel était attirant
Il aurait fallu décoller à ce moment là, mais bon. A Oloron, décoller tôt, c'est pas facile.
Pierre a décollé à 11h25 et trouvé très vite (1450m) un
ressaut en entrée de vallée d'Aspe,Il a pu monter vite,
slalomant ensuite entre et sous les nuages, la masse d'air
s'humidifiant très vite. En moins de 40 minutes il est à
5000 mètres, mais le voyage est impossible en raison de la
nébulosité.
Voici son retour d'expérience:
""
Bon,
et bé c'était rigolo quand même.
Court, mais bon, avec de gros varios et de belles
turbulences.
2 objectifs
1) ne pas se faire piéger : j'ai passé pas mal de temps
avec les AF dehors. Les énormes rotors étaient de vrais
ascenseurs et j'ai dû éviter plusieurs fois de me faire
avaler par les rotors qui évoluaient devant moi.
2) ne pas se faire avoir dans la finale: la masse d'air
était turbulente jusqu'au sol.
Pas de km, des photos toutes blanches et un terrain de
jeux super réduit.
Remorqué court et vivant.
J'étais motivé, mais je
me suis réveillé à 9 heures, et j'ai trainé. En fait,
c'est Florent qui m'a appelé: il était au terrain avec
Benoit depuis un bon moment et se demandait si j'allais
venir.
Le ciel n'était pas
super engageant, mais j'avais quand même envie d'aller y
voir. Je savais que le décollage était tardif, mais même
en partant tôt, il aurait été difficile de circuiter.
Le Janus a décollé en
premier. Il a largué suite à une turbulence
incontrôlable. Remorqué assez court.
La masse d'air était
vivante dès les premiers mètres, et le remorqueur
grimpait avec de gros varios. C'est vrai que c'était
chahuté, mais on a vu pire.
J'ai largué assez tôt
vers le Trône du roi. La montée a été facile et rapide.
Je suis vite arrivé au raz de l'énorme rotor, et quand
j'ai voulu avancer, j'ai constaté une vitesse
horizontale faible (10 à 20 km) avec de gros varios.
J'ai manoeuvré pour me sortir du rotor, mais c'était
franchement désagréable.
Le calculo indiquait un
vent du 240 pour 110 km/h. il a progressivement tourné
vers le 270, toujours à la même force.
J'ai eu du mal à
atteindre le trou de foehn: ça n'avançait pas vite et
les fichues Vz positives m'envoyaient en permanence dans
la couche. Les rotors naissaient devant, et le temps de
les rejoindre ils étaient déjà énormes.
Une fois au bord
d'attaque, ça a été tout seul.
Le Sud, et L'Ouest
étaient bouchés. L'Est pas terrible et une formation
énorme bouchait le Nord. J'ai pu exploiter un ressaut
unique, très au Nord, sous le vent du Layens puis des
Issarbes.
J'ai tenté une branche
vers l'Est. Là, je me suis trompé : la vitesse sol était
énorme, et je me suis retrouvé vers le Jaout alors que
je pensais être en vallée d'Aspe.
Demi tour avec 100 km/h
de vent de face, un gros taux de chute et j'ai bien cru
que n'arriverai pas à Oloron. J'aurais facilement pu me
poser à Tarbes. Mais quand même. J'avais besoin de tirer
6 de finesse pour rentrer et au début, ça s'annonçait
pas très bien.
ça s'est arrangé en
descendant et je suis arrivé haut au terrain, en sortant
les AF.
Tour de piste 25. Virage
en Base avec 3m+ plein AF, base secouée mais courte et
énorme taux de chute en finale. J'ai cru que je faisais
pas la piste. Plus qu'une chose à faire : le nez en bas
puis les volets en lisse dés que la vitesse a commencé à
augmenter. Je ne sais pas quelle était ma vitesse en
courte, mais le plan est remonté (ouf) et j'ai pu poser
le planeur avec un bon vent de face, un quart de secteur
Sud. Plus calme près du sol.
Le posé du Janus a été
sympa à regarder. Mené sportivement et virilement, le
tour de piste fut réduit et rapide. Inutile de dire que
la précision d'atterrissage n'avait rien à voir avec ce
qu'on arrive à faire par temps calme.
Sans être extrême, ce
genre de vol nécessite quand même une grosse
concentration.
""
Pierre s'est posé vers 12h55.
... et l'aspect que cela avait vu d'en bas, à
14h30 avant que le vent tourne et la que la crasse
rentre au ras des ronces
à ce moment là Pierre est au sol
depuis 40 mn, et il pleut sur le terrain
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Debrief à partir du fichier IGC
enregistré par Pierre:
Vent du 260, la dérive à l'accrochage en témoigne.
6' entre début du roulage et largage, on
frise le record en la matière pour un départ en onde.
Vent comme prévu fort et très Ouest (260)--> turbulence
sévère jusqu'au sol.
Humidité importante, voyage difficile, car les ressauts sont en diagonale par rapport à l'axe de la chaîne, organisés en échelons de faible extension latérale.
`
35 minutes pour
atteindre après largage les 5000 mètres, cela fait une
vitesse ascensionnelle moyenne de près de 2m/s . Pour le
retour depuis le Km 20 sous le vent même à 4000 mètres Il a
de quoi être inquiet. Heureusement le vent est moins fort à
basse altitude. Le taux de chute atteint parfois 10m/s.
L'analyse des vitesses (non figurées ici) montre quant à
elle près de 100km/h de vent sur la branche vent arrière
débutée à 300 mètres sol. On comprend que la finale fut
sportive.