Et c’est
donc au petit matin que j’ai le plaisir de refaire cette route
qui traverse vertes plaines et forêts épaisses, coteaux
abondamment plantés d’un vignoble doux et sucré, la route du
Béarn ! En Béarn les Pyrénées sont plus basses qu’en
haute Garonne ? Oui. Mais elles sont plus hautes que dans
le massif central, et toc ! je médite pendant la route à
mon vol que je pense effectuer en pégase, mais j’aurais la
surprise de trouver Emmanuel au terrain, qui a déjà ouvert le
hangar à la lumière des phares de sa voiture. Ce sera donc en
janus que se déroulera l’affaire. Pierre au téléphone me
rafraichit la mémoire sur l’EDS biplace de notre Janus :
il ne fonctionne pas sur des piles mais sur les batteries du
planeur. Mais en plus de l’inter général du planeur et du
sélecteur de batterie, il faut retrouver l’inter propre à
l’EDS ! Tout ce petit monde, agrémenté du FLARM est
naturellement accompagné de sa LED dont le clignotement
témoigne du bon fonctionne de l’installation. Bref on est le
jour de Noël, et le Janus est illuminé ! J’adore. Vivien
arrive quelques minutes plus tard, sa crainte d’un vent fort
au sol sera effacée lorsqu’il constatera que le vent souffle
dans l’axe de la piste. Néanmoins il n’a pas tort de craindre
le vent : le hangar est situé face au sud, si le vent
change de direction, même avec 40 ou 50 « petits »
km/h, il peut se passer des choses dans le hangar ou sont
suspendus au plafond deux planeurs surplombant 6 autres.
Le ciel
est décoré d’un superbe bord d’attaque et semble fidèle à la
prévi des modèles, mettant à notre portée un 750 km tricoté la
veille dans le GPS. Bertrand arrive quelques minutes plus tard
et prépare un pégase aidé de la famille Labarthe qui nous
remorquera et nous tiendra les ailes au décollage.
Quelques
minutes avant de prendre l’air, encore au téléphone pour
démarrer le LX20 historique du planeur, Pierre me dit, parlant
d’Emmanuel : « Apprends lui la patience à ce
garçon. »
Il devait avoir une
boule de crystal sur son bureau.
Une photo prise avant de décoller avec une GOPRO : j’espérais filmer le remorqué, qui aurait été très parlant.
Dés que les roues de
l’attelage ont quitté le sol, une danse assez hardcore a
débuté, nous amenant à nous demander parfois, derrière
l’avion, si nous n’étions pas plutôt en train de faire un
retour sol qu’une montée … turbulences et autres noms
d’oiseaux dans le sous ondulatoires ont violemment secoué le
planeur, l’avion et les pilotes. Succession de variation
d’assiettes, d’oscillations en lacet … main sur les AF que je
sortirai à deux reprises pour ne pas rattraper l’avion dans
des rafales, j’écourte la souffrance vers 1700m QNH, au dessus
d’un village qui s’appelle Ance, et qui est célèbre pour ses
pentes de modèles réduits.
Mais
l’accrochage ne se fera pas sans mal. Alors que l’avion
redescend chercher ASW20 et pégase, je donne quelques
indications de montée entre Ance et Arrette, mais en réalité
nous ne faisons que faire le yoyo entre 1700 et 2100m. Le
second remorqué sera l’occasion pour Michel et Vivien de
passer plus au nord et de bénéficier peut être d’un secteur
plus calme avant d’amener l’ASW20 à Arette, à 1900m. Ici
Vivien trouvera de quoi monter jusqu’à 2500m, et partira
rejoindre la crêtes des Issarbes ou l’on trouve généralement
le premier ressaut, ce qui sera encore une fois le cas ce jour
là. Vivien aux Issarbes, nous cheminons dans des varios
globalement positifs jusqu’à Arrette et trouvons de quoi
monter en sécurité jusqu’à 2600m, avant d’avancer face au vent
pour rejoindre Vivien. Pendant ce temps, Bertrand se fait
remorquer, et il semble qu’il bénéficie pour sa part d’un air
encore plus calme. Tant mieux ! Cela facilitera son
accrochage et lui permettra de ne pas trop dépenser de
ressource pour la suite, car nous en aurons tous très grand
besoin …
Enfin en
laminaire aux Issarbes, nous survolons les gorges de
Kakouetta :
Mais tout
ça ne monte pas bien haut, ni très fort. Tout ça pour
ça ? Alors qu’après le largage nous avons rencontré des
shoots à plus de cinq mètres, rien à faire, le laminaire est
faiblissime, le ressaut est étroit et si 1h40 seront
nécessaires pour gagner le laminaire et le premier ressaut,
nous passerons de longues heures (au moins 3h30) avant de
réussir à passer 4000m et qu’une amélioration certaine
permette de tenter de s’aventurer plus à l’ouest et plus à
l’est. Vivien s’y essaiera à deux fois en partant de 3600m, et
devra tout reprendre à presque zéro depuis 2600m aux Issarbes.
Mais l’award de la patience du jour revient à Bertrand, qui,
largué à Arrette, n’en partira pas avant d’avoir atteint, dans
du parfois à peine plus que zéro, 3000m confortables qui lui
permettront de nous rejoindre jouer avec nous.
La suite
et fin du vol se fera parfois à deux planeurs, parfois à
trois, ou nous profiterons du panorama sublime.
L’asw20 cl
pas loin au dessus de nos têtes.
Le premier
pic enneigé, presqu’au centre de la photo est le pic d’Anie. Autour de lui et
notamment en son Nord Ouest, la station de ski de la Pierre St Martin.
Derrière, les sommets délimitant vallée d’Aspe et vallée
d’Osseau. Entre les deux, le point le plus haut et le plus
enneigé est le Sesque. Notez
les formations lenticulaires dans le nord est : elles
n’apparaitront que vers 15h. Avec un coucher de soleil à
17h30, cela ne laissera que peu de temps pour en profiter … et
puis c’est le soir du réveillon, aujourd’hui il sera de bon
ton de ne pas rentrer trop tard. Alors le 750 km ? et
bien le père noël m’a apporté un joli coup de vent, une place
dans un planeur et des amis en vol pour en profiter en
blaguant et en nous encourageant dans ce qui aura été un bel
exercice de patience pour tout le monde. Vivien aura parcouru
240km, pour ma part 190, et les planeurs de Tarbes eux aussi
feront dans les 250. Il semble que l’ASW22BLE de St Girons ait
volé et fait plus de distance.
Vivien et Emmanuel ont eux aussi
pris de très belles photos, j’espère que nous aurons tout
loisir de les voir en ligne sur le site prochainement.
Très
bonnes fêtes de fin d’année à tous.
Ah mais
j’oubliais, avant de laisser Vivien
dire que la vie est belle … Le soir, sur le parking, nous
aurons droit à une demande de service sympathique. Une jeune
fille plutôt pas mal d’ailleurs monte sur le bitume un stand
avec tréteaux et ballons gonflés à l’hélium. Le jour de Noël,
elle s’apprête à demande son copain en mariage et nous demande
de surveiller les ballons le temps d’aller le chercher. Nous
fermerons donc les portes du hangar sur fond de lâché de
ballons !