Villacastin
Une semaine en castille, cru 2011
Samedi 9 Juillet
Il pleut. On est en Béarn, en juillet, et à moins d’avoir la mémoire courte, c’est une situation quasi normale. Depuis 1994, date de ma première virée Castillanne, la grande majorité des départs s’est faite sous la flotte, voire des trombes d’eau en pays basque. Cela s’améliore ensuite, soit au passage des Pyrénées, soit plus loin, à l’entrée du bassin versant du Duero, selon la puissance de la perturbation à l’origine de la crasse.




Cette année, nous tirons un biplace, le Twin-Astir, le planeur le plus chiant à tracter (il est lourd) et à assembler (il faut aligner des pions, une horreur car les ailes pèsent des tonnes). Il en est ainsi dans les clubs. Il faut des bi-places pour apprendre, mais les chauffeurs pour tirer les biplaces sur la route sont rares : soit il n’ont pas un véhicule assez puissant pour tirer les 1300 kg de la loco à vapeur (la remorque a un peu cette forme) soit ils ont le véhicule autorisé, mais le poids total roulant étant supérieur à 3,5 tonnes, ils doivent avoir un permis E. AAAh le permis E…. Pour notre génération une simple formalité administrative, avec visite médicale aussi obligatoire qu’inconsistante, en regard de celle que tout vélivole passe régulièrement. La visite médicale aéro, autrement plus sérieuse, n’a aucune valeur administrative pour la conduite d’un véhicule tractant une remorque de planeur, consternant cloisonnement administratif. Soucieuse néanmoins d’améliorer la sécurité routière l’administration a modifié la règle. La visite est toujours aussi bidon, mais la jeune génération doit passer une épreuve pratique, ce que bien évidemment on ne m’a jamais demandé de faire. En résumé, un vieux con, éventuellement cardiaque (mais alors sans doute plus vélivole, mais bon) peut conduire un attelage de remorque nécessitant le permis E, sans jamais avoir suivi de formation adéquate. Un jeune con, non.
Mais revenons au Twin. On a voulu alléger le poids sur le timon en mettant des bidons d’eau. Après quelques kilomètres pour prouver que ce n’était pas une bonne idée, je procèderai à un déballastage qui réduira les oscillations à plus de 90 Km /h, vitesse que l’on n’est d’ailleurs pas censé atteindre en Espagne, tout véhicule avec remorque y étant limité à 80km/h. Dans un autre récit, je vous avais raconté que la vitesse limitée, pour la population portugaise expatriée qui traverse l’Espagne n’a qu’une valeur indicative. Je confirme. Et quand on roule à 80, les bolides qui vous dépassent à 150, ça craint. Décidément, je préfère la route Somport-Soria à l’autoroute via San-Sebastian, Burgos et Valladolid et ses aires de repos au goudron qui sent la pisse et bordées de sacs poubelle. Le kilométrage depuis Pau est comparable, on y roule plus régulièrement mais bof.
Depuis mon dernier passage dans ce sens là, une nouvelle autovia a été construite. Le paysage est peut-être splendide, mais comme on a fait tout le versant nord dans le brouillard, j’en garderai le secret. J’ai juste remarqué que les travaux du TGV espagnol, tronçon Valladolid - San Sebastian avaient débuté : le creusement du plus long tunnel est entamé. Pendant ce temps, les basques français mènent une obstruction vaine. On fera Madrid Irun en TGV, pendant qu’Irun-Bayonne se fera en calèche.

L’arrivée à Villacastin s’est faite suffisamment tôt, sous des cumulus prometteurs, pour que le montage des planeurs puisse se faire dans la soirée, ça de moins à faire le lendemain.

Dimanche 10 Juillet.
Les cumulus sont là, on commence le séjour en fanfare. Une treuillée  d’une minute pour plus de cinq heures de vol, avec des bases de nuages (plafond technique) beaucoup plus hautes que le plafond légal. Sur la majeure partie du terrain de jeu, on ne peut dépasser 3000 mètres d’altitude, car l’aéroport de Madrid n’est guère loin, et l’on aperçoit souvent des gros avions, pas très loin au-dessus de nos têtes. On ira virer du coté de Soria, avec un retour beaucoup plus cool que l’an passé.




Dans une ascendance au km150 du terrain de départ (Villacastin) . en arrière plan, on aperçoit le Moncayo, qui forme la frontière naturelle (et climatique) entre la Castille et son air sec, et la vallée de l’Ebre, plus humide : les nuages s’y forment plus bas.

vol en patrouille



Au loin Madrid. En haut à gauche de l’image un long courrier en descente vers Bajaras, en bas à droite un des ouvrages d’art de la ligne TGV Madrid Valladolid

Lorsque le temps est clair, au nord de la Granja et au plafond de la zone autorisée pour le vol à voile, on aperçoit les piste orientées Nord-Ouest Sud-Est de Barajas, situées à plus de 60 km. On pourrait sans peine des atteindre en un vol plané de finesse 25, ce qui fait un plan de descente de 4%, à peine moins pentu de celui d’un avion de ligne. Un avion en approche sur une de ces pistes depuis le Nord-Ouest, peut donc passer  très près des planeurs en évolution sur la Guadarrama qui doivent donc absolument respecter les plafonds imposés.




Avila
Champ d’éoliennes au-dessus de Villacastin




Lundi 11 juillet

Ce matin, les ventilateurs de la sierra voisine tournent à plein régime, et leur sens apparent de rotation nous indique un vent de sud. Sur le terrain, la biroute est horizontale, et ça ne se calme pas avec le présumé déclenchement de la brise. A 15 heures, ciel bleu, la confluence  s’installera au Nord plus tard, pendant qu’on sera à la piscine. Mon expérience relativement légère en matière de treuil, et surtout le manuel de vol du constructeur du planeur indiquant une vitesse de vent de travers démontré de 25 Km/heure (plus, c’est votre problème, cher utilisateur) j’ai capitulé. Le vent de face ne me dérange pas, comme nous le verrons plus tard dans ce récit. Le vent de travers, avec une envergure de 16,5 mètres et des ailes souples, j’hésite. Une mauvaise rafale au décollage, et on casse le planeur. Certains se sont fait peur cet après midi.


La voiture de piste, utilisée pour remonter les câbles, et le treuil.  Au bout du câble, un planeur lutte pour contrer le vent de travers. Si la dérive est trop forte, l’extrémité du câble tombera dans les chardons…


Mardi 12 juillet

Il y a toujours, au cours de mes séjours castillans un vol qui sort de l’ordinaire. Un truc comme on n’en a jamais fait, voire plusieurs.

Orages prévus. Au moins, ça a le mérite d’être clair.
Dès le matin, on aperçoit une ligne de cunimbes , là bas au Nord, parallèle à la sierra cantabrique, la suite de nos Pyrénées, à l’Ouest. Coté Madrid tout est clair. On commence à connaître le système climatique castillan. Pendant plusieurs jours, ça chauffe, les plafonds montent, et ça dégénère en orages, d’abord locaux, puis plus généralisés. Tant que l’on est en phase locale, on peut voler. La confluence commence là-bas à l’Ouest au-delà d’Avila, vers la Sierra Paramera ou les Gredos, puis grossit jusqu’à donner des orages locaux au travers desquels on peut se faufiler. Le soir, ça se calme, et la technique consiste à faire une première branche de circuit vers l’apex du système, éventuellement attendre au vent des orages que ça se calme, et rentrer à la maison y trouver la fraîcheur du romarin, du thym et autres senteurs amplifiées par la pluie de la journée sur le terrain. Si d’aventure une zone orageuse liée à un front et donc étrangère à la Castille déboule, ça complique un peu la donne.
Décollage d’anthologie au treuil : en fin de treuillée je suis dans l’ascendance sans avoir à chercher. Génial. Au Nord, Sanchidrian est sous un orage. Pas d’image hélas, j’ai oublié mon appareil photo dans la bagnole. Cap sur l’apex du système. Avant Avila, c’est déjà la douche. Des gouttes grosses comme des soucoupes, ça ne monte plus. L’altitude étant modeste et la masse noire devant peu engageante à mon goût, je plonge au Nord (et à l’Ouest de l’orage de Sanchidrian) vers la plaine, où les champs posables sont nombreux. La zone entre Avila et la plaine est, rappelons le, pourvue de pâturages pleins de blocs de granite : atterrissage oui, mais alors le dernier de votre vie. Le plongeon est motivé par de beaux cumulus sur le secteur, mais le raccrochage se fait à 400 mètres sol, c’est chaud, d'autant qu'une vache dans le coin, et ce sera la douche assurée si les dépanneurs ne sont pas là avant l'orage suivant. Pendant ce temps-là, à Villacastin, le 1er grain arrive, grêleux. Il laissera des cicatrices sur la gouverne de direction d'un planeur posé juste avant. La situation désagréable à 400 mètres, zone pré-orageuse oblige, se transforme assez vite en ballade au bases noire à 2800 mètres, puis cheminement à 3200m le long de la Paramera, jusqu’au-delà de l’aire de décollage des parapentes et deltas de Piedrafitta. A gauche de la route, les Gredos sont coiffés de cumulus moins haut, et à droite Bejar est tout simplement dans le noir. Un orage étranger à la Castille est en train d’arriver. Il va se décaler vers la crête de Piedrahitta  et évoluer vers Villacastin, c’est sûr. Sortant mon téléphone de la sacoche (je réalise qu’il y a une fonction photo sur l’engin, j’avais oublié, tiens) je mitraille vite fait le phénomène, et demi tour.


Au sud de Piedrahitta vers Gredos  (à gauche de l'image), beau temps. A droite, ouh là...
...au nord, vers Bejar, c’est terriblement noir.


Déjà l’itinéraire le long de la crête noircit à vue d’œil, et des nuages bas se forment à son niveau. Point n’est besoin d’enrouler, ligne droite sous le noir en faisant attention à ne pas se faire absorber dans le nuage. A Villatoro (le sommet au sud du col, pas le col) deux options possibles : retour par le même chemin, ou sierra d’Avila plus au nord. Mais le plafond y est plus bas, et l’aspect en dessous est plus brumeux. Ce sera donc comme à l’aller par la Paramera, à 3000 mètres.


Rester haut et foncer par le cheminement de droite
La Plaine d'Avila. L’orage est derrière, à gauche. Devant, la route est libre, mais il faut faire vite, Villacastin est là bas à 40 km,  derrière la colline au centre de l'image



A Avila, le système nord avec sa masse brumeuse a progressé et vite. Il va falloir perdre 2000 mètres d’altitude le plus vite possible pour se poser sous de fortes rafales de face (80 Km/h?)… 130km /h affichés en finale , arrêté en 50 mètres, il paraît que vu du sol, c’était spectaculaire, car les ailes de l’ASW20 sont souples. En fin de roulage l'aile gauche touche le sol, et le planeur pivote. On appelle ça un cheval de bois. Il laissera des rayures sur le volet. Je me fais tracter au parking assis aux commandes pour lester la machine, vieux réflexe acquis en volant sur des planeurs en bois et toile qui pouvaient se retourner comme une crêpe sous une rafale. Les boules de chardons défilent sur le terrain en sautillant, comme dans un western. On a le temps de mettre le planeur en boîte avant l’arrivée du 2eme orage de la journée pour Villacastin, beaucoup plus actif que le premier mais pas grêleux.  La remorque, bien attachée, n’a pas bougé d’un millimètre malgré le vent perpendiculaire à son axe de stationnement… Ouf. Le terrain est transformé en marécage en quelques minutes. Des trombes d’eau ravinent le chemin refait à neuf cet hiver. En Béarn, un décollage avec une zone orageuse annoncée eût été suicidaire. Ici, on a le temps de réagir, le risque étant minimisé si on ne part pas sous le vent du terrain. Le trajet Piedrahita-Villacastin s’est fait à 160Km/h de moyenne, avec seulement 3 tours dans une ascendance sur une branche de 100km. Exceptionnel, quand on voit que sur nos Pyrénées, on parcours péniblement 300 km en 5 heures…


Mercredi 13 juillet

9° le matin,  temps couvert, les ventilos  sont dans la couche.



Nouveauté de l'année: le portail


Les lapins qui batifolent d’habitude sur le chemin du terrain restent planqués dans les buissons. Pas de poussière sur le chemin, et les voitures sont provisoirement propres, rincées par l’orage de la veille. C’est un festival d’odeurs sur le terrain. Plantes méditerranéennes, et crottes de moutons. La pluie a ramolli les déjections séchées, et ranimé les odeurs. Cela se lève un peu, mais on ne quittera pas le chandail marin. Couche soudée au vent qui souffle du nord. On ne sortira pas du local . 2000 mètres max de plafond (avec un terrain situé à 1100 mètres d’altitude, cela ne fait pas un plafond haut), en Béarn, on hésite à partir en circuit dans ces conditions. Il y a de rares bonnes pompes  sur les quelques trous de soleil. Vers le Nord-Ouest l’ASWH25  ira à El Barco, et le Ls8 à Zamora, mais le retour n’en sera pas évident.


La Castille grise et froide en juillet, c’est possible.


Jeudi 14 juillet
Grand bleu. Il fait toujours très frais, chandail marin de rigueur même en vol, ce qui n’est pas courant en juillet en Castille
Dès l’apparition des premières nuelles, on se fait donc catapulter .
On ne gagne pas à tous les coups, en 10 minutes je suis par terre. Jean-Louis, décollé avec le câble restant, fera pire. Sachant que je dégagerai à la première bretelle, il se pose derrière sans mot dire, prêt à rallonger si la piste n’est pas par moi dégagée, ce qui déclenche une alarme flarm  surprenante (trafic derrière !!! mais qu’y puis-je !)  avant de me doubler par la droite alors que je finis de dégager sur le taxiway. La piste est large à Villacastin.
La 2eme treuillée sera plus favorable. Départ au vent en thermique pur, on trouvera  les premier cumulus au km 40, en faisant route vers Penafiel, où l’on arrêtera les frais.

enfin un cumulus pour baliser une ascendance. Cela rend la navigation plus facile.





Penafiel, au cœur de l’appellation viiticole  Ribeira de Duero, avec sa citadelle mauresque

En thermique pur, à deux planeurs, c’est plus facile: on ratisse mieux.



A l’Ouest il y a des cumulus sur Valladolid, dans la zone terminale de l’aéroport, où un planeur n’est pas forcément le bienvenu (l’an passé en partant pour le Portugal en voiture, j’y ai vu passer des gros jet bien bas) et devant c’est bleu, avec de rares pompes frétillantes. Au Nord-Est, La visibilité porte au-delà de la sierra de la Demanda.  Retour vers le sud, puis coup d’essuie-glace  au nord. 300 bornes cumulées. De l’avis des grands circuiteurs, il n’y avait que là que c’était bon.


Vendredi 15 Juillet
Grand bleu le matin.
Cela finit par déclencher en thermique pur. Dernier au décollage, il faut subir les aléas des départs qui précèdent. Un câble de treuil, ça se casse. Cela se répare aussi assez facilement, mais si une pelote s’est faite à l’enroulage, ou tout incident non souhaitable, la remise en route peut prendre un certain temps. Lassé de l’attente, on met en branle l’avion remorqueur pour un départ classique. A cette occasion, je découvre que certains pilotes de clubs 100% treuil, ne sont pas polyvalents. Décollage à l’ancienne, de la grande Castille. Poussière, branlée dans les pompes de basses couches, largué à 300 mètres sol, j’accroche et c’est parti. Les grognons diront que ça m’a coûté beaucoup plus cher qu’au treuil, pour un largage plus bas, avec la poussière au roulage en prime. Ils ont raison. Mais je suis en l’air une demi-heure avant l’heure estimée possible au treuil sans autre casse câble de décollage.

La situation ressemble à celle de la veille, bleu en plaine avec rares cumulus, on ira donc au nord. Cette année il est dit qu’on n’ira pas à Soria. Demi-tour au Km 80, sur un affluent du Duero,



et en cheminant bien, on retrouve de beaux cumulus au sud d’Avila, ce qui permet, en suivant l’ASH25 sous la confluence (ensuite, il est loin devant)…

 
un ASH25 se cache dans cette image. Saurez vous le voir, à défaut de le suivre ?

… d’aller dire bonjour au Pic d’Almanzor, sommet des Gredos, avec des plafonds honorables (3400 à 3700m).



On finit la journée en perdant de l’altitude au nord, jusqu’à intersecter le plan de sécurité pour un retour sans souci.


Muñopedro, à proximité de l’ancien terrain de Campolara. Une centrale solaire s’y est construite en bordure de la route de Labajos. Les grands champs de blé entre la centrale et le village seraient accueillants en cas de vache . Bon à savoir. Au moment où je fais la photo, j’ignore que demain, je la verrai de plus près…


Samedi 16 juillet.
Le treuil va bien, ça débite ! il s’agit d’un treuil équipé de deux tambours, on peut donc gicler deux planeurs en cinq minutes. Ensuite il faut bien 10 minutes pour remonter les câbles sur la piste avec la voiture hors d’âge (sauvée de la ferraille il y a déjà quelques temps, elle chauffe, fume mais roule) et gicler les deux suivants. Comme on est samedi, il y a une arrivée de planeurs d’Ocaña, qui décollent au cul du rallye 235cv, ce qui met une ambiance sonore différente. Les départs au treuil, on ne peut imaginer plus silencieux. A part la procédure radio, on n’entend que le frottement du patin de queue du planeur, qui ne dure que quelques secondes. Ensuite le planeur est trop loin pour qu’on perçoive le sifflement aérodynamique du câble et du planeur. Coté treuil, s’il n’y avait pas le bruit du groupe électrogène, on n’entendrait que le sifflement du moteur électrique.
Pour le pilote treuillé, l’accélération est sensible, et la montée à 45° pendant une minute est étonnante au début. Les oreilles se bouchent comme en téléphérique, et puis on s’habitue. A Villacastin, la longueur de piste permet de dérouler plus d’un kilomètre de câble, et en une minute le planeur est à 450-500 mètres sol, ce qui lui laisse 250 mètres pour trouver une ascendance. Si la journée est bonne, on perd moins de 100 mètres en farfouillant, si elle est très bonne, on est largué dans l’ascendance, et si elle est pourrie, en 5 minutes on est par terre. Cette journée de samedi est bonne. En thermique pur, on rejoint le 1er cumulus sérieux à la prison d’Avila, en sécurité et en longeant la plaine. La prison d’Avila (une des plus dures d’Espagne, peuplée de détenus qui ne sont pas des enfants de chœur dit-on) est à peu de choses près posée sur la limite de la zone limitée en plafond au FL 100 , soit 3000 mètres environ. A l’Ouest, no limits.



Avila : la ville fortifiée.

A la verticale des remparts, on atteint 3600 mètres, ce qui rend facile l’accès à la Paramera puis Gredos. Au retour c’est là que se trouve la dernière ascendance bien balisée avant un grand trou bleu bordé au Nord, sur la forêt de Cuellar par un beau champ de cumulus. Cinquante bornes au bas mot sans trop chuter ni monter, avant de retrouver de quoi jouer. Seul détail, le vent d’Ouest est significatif, et gênera le retour. Visite du vignoble Ribeira de Duero, dans sa partie Penafiel – Aranda, que je sens plus gréseuse que carbonatée, vue du ciel. On vire au km 120, et si la 1ere partie du retour se passe bien,  ça se gâte sur les 60 derniers kilomètres, ceux qu’on a traversés dans le bleu à l’aller. Il faut faire le plein au dernier cumulus et plonger dans le trou bleu, «la piscine », comme dit Florian, en espérant que ça passe. C’est ainsi. Les retours du nord sont souvent difficiles, j’en ai déjà fait l’expérience du temps de Campolara, et là, il y a en plus la forêt de Marugan à traverser, zone imposable. L’ASH25 passe, normal : c’est un planeur qui a 55 de finesse, c’est à dire que volant à 1000 mètres d’altitude en air calme, il peut parcourir 55 kilomètres. Florian en Pégase teste la piste ULM de Marugan, espérant un dépannage air qui sera administrativement impossible, et quant à moi j’avance jusqu’à la zone forestière qui s’étale sur 10 bornes au nord  du terrain, avec en tête de réduire la distance à couvrir pour le dépannage. A Muñopedro, terminus : le champ qui est entre la centrale solaire et le village est fraîchement moissonné. La paille n’est pas encore en bottes. Pour avoir fréquenté l’endroit, je sais qu’il est plat, pente montante vers le bord du plateau et d’après la dérive, face au vent. Il est en bordure de route, mais la perturbation locale de l’alignement des lignes de paille trahit la présence de poteaux électriques, ce qui est normal à proximité d’une centrale solaire : c’est une petite ligne, mais au moins, je sais où elle est.  Elle est implantée aux deux tiers du champ qui est très très long. Avec le vent de face, le planeur sera immobilisé bien avant. Bertrand, quant à lui, réussit à passer. Deux remorques en ballade ce soir, sans compter Kilo-Alpha , l’autre Asw20CL qui est allé en catimini échouer à 1.3 km de la piste de Fuentemilanos, et qui y passera la nuit, avant un difficile dépannage le lendemain.
 
l'oiseau ne rentre pas toujours au nid

Un planeur décollé au treuil électrique, qui se pose dans un champ en bordure d'une centrale solaire située au pied d'un champ d'éoliennes. tout un symbole non?




La vie est belle

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