Cette
année, nous tirons un biplace, le Twin-Astir, le planeur
le plus chiant à tracter (il est lourd) et à assembler (il
faut aligner des pions, une horreur car les ailes pèsent
des tonnes). Il en est ainsi dans les clubs. Il faut des
bi-places pour apprendre, mais les chauffeurs pour tirer
les biplaces sur la route sont rares : soit il n’ont pas
un véhicule assez puissant pour tirer les 1300 kg de la
loco à vapeur (la remorque a un peu cette forme) soit ils
ont le véhicule autorisé, mais le poids total roulant
étant supérieur à 3,5 tonnes, ils doivent avoir un permis
E. AAAh le permis E…. Pour notre génération une simple
formalité administrative, avec visite médicale aussi
obligatoire qu’inconsistante, en regard de celle que tout
vélivole passe régulièrement. La visite médicale aéro,
autrement plus sérieuse, n’a aucune valeur administrative
pour la conduite d’un véhicule tractant une remorque de
planeur, consternant cloisonnement administratif.
Soucieuse néanmoins d’améliorer la sécurité routière
l’administration a modifié la règle. La visite est
toujours aussi bidon, mais la jeune génération doit passer
une épreuve pratique, ce que bien évidemment on ne m’a
jamais demandé de faire. En résumé, un vieux con,
éventuellement cardiaque (mais alors sans doute plus
vélivole, mais bon) peut conduire un attelage de remorque
nécessitant le permis E, sans jamais avoir suivi de
formation adéquate. Un jeune con, non.
Mais revenons au Twin. On a voulu alléger le poids sur le
timon en mettant des bidons d’eau. Après quelques
kilomètres pour prouver que ce n’était pas une bonne idée,
je procèderai à un déballastage qui réduira les
oscillations à plus de 90 Km /h, vitesse que l’on n’est
d’ailleurs pas censé atteindre en Espagne, tout véhicule
avec remorque y étant limité à 80km/h. Dans un autre
récit, je vous avais raconté que la vitesse limitée, pour
la population portugaise expatriée qui traverse l’Espagne
n’a qu’une valeur indicative. Je confirme. Et quand on
roule à 80, les bolides qui vous dépassent à 150, ça
craint. Décidément, je préfère la route Somport-Soria à
l’autoroute via San-Sebastian, Burgos et Valladolid et ses
aires de repos au goudron qui sent la pisse et bordées de
sacs poubelle. Le kilométrage depuis Pau est comparable,
on y roule plus régulièrement mais bof.
Depuis mon dernier passage dans ce sens là, une nouvelle
autovia a été construite. Le paysage est peut-être
splendide, mais comme on a fait tout le versant nord dans
le brouillard, j’en garderai le secret. J’ai juste
remarqué que les travaux du TGV espagnol, tronçon
Valladolid - San Sebastian avaient débuté : le creusement
du plus long tunnel est entamé. Pendant ce temps, les
basques français mènent une obstruction vaine. On fera
Madrid Irun en TGV, pendant qu’Irun-Bayonne se fera en
calèche.
L’arrivée à Villacastin s’est faite suffisamment tôt, sous
des cumulus prometteurs, pour que le montage des planeurs
puisse se faire dans la soirée, ça de moins à faire le
lendemain.
Dimanche 10 Juillet.
Les
cumulus sont là, on commence le séjour en fanfare. Une
treuillée d’une minute pour plus de cinq heures de
vol, avec des bases de nuages (plafond technique)
beaucoup plus hautes que le plafond légal. Sur la
majeure partie du terrain de jeu, on ne peut dépasser
3000 mètres d’altitude, car l’aéroport de Madrid n’est
guère loin, et l’on aperçoit souvent des gros avions,
pas très loin au-dessus de nos têtes. On ira virer du
coté de Soria, avec un retour beaucoup plus cool que
l’an passé.
Dans
une ascendance au km150 du terrain de départ
(Villacastin) . en arrière plan, on aperçoit le Moncayo,
qui forme la frontière naturelle (et climatique) entre
la Castille et son air sec, et la vallée de l’Ebre, plus
humide : les nuages s’y forment plus bas.
vol en patrouille
Au loin Madrid. En haut à gauche de l’image
un long courrier en descente vers Bajaras, en bas à droite
un des ouvrages d’art de la ligne TGV Madrid Valladolid
Lorsque le temps est clair, au nord de la Granja et au
plafond de la zone autorisée pour le vol à voile, on
aperçoit les piste orientées Nord-Ouest Sud-Est de
Barajas, situées à plus de 60 km. On pourrait sans peine
des atteindre en un vol plané de finesse 25, ce qui fait
un plan de descente de 4%, à peine moins pentu de celui
d’un avion de ligne. Un avion en approche sur une de ces
pistes depuis le Nord-Ouest, peut donc passer très
près des planeurs en évolution sur la Guadarrama qui
doivent donc absolument respecter les plafonds imposés.
Avila
Champ d’éoliennes au-dessus de Villacastin
Lundi 11 juillet
Ce
matin, les ventilateurs de la sierra voisine tournent à
plein régime, et leur sens apparent de rotation nous indique
un vent de sud. Sur le terrain, la biroute est horizontale,
et ça ne se calme pas avec le présumé déclenchement de la
brise. A 15 heures, ciel bleu, la confluence
s’installera au Nord plus tard, pendant qu’on sera à la
piscine. Mon expérience relativement légère en matière de
treuil, et surtout le manuel de vol du constructeur du
planeur indiquant une vitesse de vent de travers démontré de
25 Km/heure (plus, c’est votre problème, cher utilisateur)
j’ai capitulé. Le vent de face ne me dérange pas, comme nous
le verrons plus tard dans ce récit. Le vent de travers, avec
une envergure de 16,5 mètres et des ailes souples, j’hésite.
Une mauvaise rafale au décollage, et on casse le planeur.
Certains se sont fait peur cet après midi.
La voiture de piste,
utilisée pour remonter les câbles, et le treuil. Au
bout du câble, un planeur lutte pour contrer le vent de
travers. Si la dérive est trop forte, l’extrémité du câble
tombera dans les chardons…
Mardi 12 juillet
Il y a toujours, au cours de mes séjours castillans un vol qui
sort de l’ordinaire. Un truc comme on n’en a jamais fait,
voire plusieurs.
Orages prévus. Au moins, ça a le mérite d’être clair.
Dès le matin, on aperçoit une ligne de cunimbes , là bas au
Nord, parallèle à la sierra cantabrique, la suite de nos
Pyrénées, à l’Ouest. Coté Madrid tout est clair. On commence à
connaître le système climatique castillan. Pendant plusieurs
jours, ça chauffe, les plafonds montent, et ça dégénère en
orages, d’abord locaux, puis plus généralisés. Tant que l’on
est en phase locale, on peut voler. La confluence commence
là-bas à l’Ouest au-delà d’Avila, vers la Sierra Paramera ou
les Gredos, puis grossit jusqu’à donner des orages locaux au
travers desquels on peut se faufiler. Le soir, ça se calme, et
la technique consiste à faire une première branche de circuit
vers l’apex du système, éventuellement attendre au vent des
orages que ça se calme, et rentrer à la maison y trouver la
fraîcheur du romarin, du thym et autres senteurs amplifiées
par la pluie de la journée sur le terrain. Si d’aventure une
zone orageuse liée à un front et donc étrangère à la Castille
déboule, ça complique un peu la donne.
Décollage d’anthologie au treuil : en fin de treuillée je suis
dans l’ascendance sans avoir à chercher. Génial. Au Nord,
Sanchidrian est sous un orage. Pas d’image hélas, j’ai oublié
mon appareil photo dans la bagnole. Cap sur l’apex du système.
Avant Avila, c’est déjà la douche. Des gouttes grosses comme
des soucoupes, ça ne monte plus. L’altitude étant modeste et
la masse noire devant peu engageante à mon goût, je plonge au
Nord (et à l’Ouest de l’orage de Sanchidrian) vers la plaine,
où les champs posables sont nombreux. La zone entre Avila et
la plaine est, rappelons le, pourvue de pâturages pleins de
blocs de granite : atterrissage oui, mais alors le dernier de
votre vie. Le plongeon est motivé par de beaux cumulus sur le
secteur, mais le raccrochage se fait à 400 mètres sol, c’est
chaud, d'autant qu'une vache dans le coin, et ce sera la
douche assurée si les dépanneurs ne sont pas là avant l'orage
suivant. Pendant ce temps-là, à Villacastin, le 1er grain
arrive, grêleux. Il laissera des cicatrices sur la gouverne de
direction d'un planeur posé juste avant. La situation
désagréable à 400 mètres, zone pré-orageuse oblige, se
transforme assez vite en ballade au bases noire à 2800 mètres,
puis cheminement à 3200m le long de la Paramera, jusqu’au-delà
de l’aire de décollage des parapentes et deltas de
Piedrafitta. A gauche de la route, les Gredos sont coiffés de
cumulus moins haut, et à droite Bejar est tout simplement dans
le noir. Un orage étranger à la Castille est en train
d’arriver. Il va se décaler vers la crête de Piedrahitta
et évoluer vers Villacastin, c’est sûr. Sortant mon téléphone
de la sacoche (je réalise qu’il y a une fonction photo sur
l’engin, j’avais oublié, tiens) je mitraille vite fait le
phénomène, et demi tour.
Au sud de Piedrahitta
vers Gredos (à gauche de l'image),
beau temps. A droite, ouh là...
...au nord, vers Bejar,
c’est terriblement noir.
Déjà
l’itinéraire le long de la crête noircit à vue d’œil, et des
nuages bas se forment à son niveau. Point n’est besoin
d’enrouler, ligne droite sous le noir en faisant attention à
ne pas se faire absorber dans le nuage. A Villatoro (le
sommet au sud du col, pas le col) deux options possibles :
retour par le même chemin, ou sierra d’Avila plus au nord.
Mais le plafond y est plus bas, et l’aspect en dessous est
plus brumeux. Ce sera donc comme à l’aller par la Paramera,
à 3000 mètres.
Rester haut et foncer par le cheminement de droite
La Plaine d'Avila. L’orage est derrière, à gauche. Devant,
la route est libre, mais il faut faire vite, Villacastin
est là bas à 40 km, derrière la colline au centre de
l'image
A Avila,
le système nord avec sa masse brumeuse a progressé et vite.
Il va falloir perdre 2000 mètres d’altitude le plus vite
possible pour se poser sous de fortes rafales de face (80
Km/h?)… 130km /h affichés en finale , arrêté en 50 mètres,
il paraît que vu du sol, c’était spectaculaire, car les
ailes de l’ASW20 sont souples. En fin de roulage l'aile
gauche touche le sol, et le planeur pivote. On appelle ça un
cheval de bois. Il laissera des rayures sur le volet. Je me
fais tracter au parking assis aux commandes pour lester la
machine, vieux réflexe acquis en volant sur des planeurs en
bois et toile qui pouvaient se retourner comme une crêpe
sous une rafale. Les boules de chardons défilent sur le
terrain en sautillant, comme dans un western. On a le temps
de mettre le planeur en boîte avant l’arrivée du 2eme orage
de la journée pour Villacastin, beaucoup plus actif que le
premier mais pas grêleux. La remorque, bien attachée,
n’a pas bougé d’un millimètre malgré le vent perpendiculaire
à son axe de stationnement… Ouf. Le terrain est transformé
en marécage en quelques minutes. Des trombes d’eau ravinent
le chemin refait à neuf cet hiver. En Béarn, un décollage
avec une zone orageuse annoncée eût été suicidaire. Ici, on
a le temps de réagir, le risque étant minimisé si on ne part
pas sous le vent du terrain. Le trajet
Piedrahita-Villacastin s’est fait à 160Km/h de moyenne, avec
seulement 3 tours dans une ascendance sur une branche de
100km. Exceptionnel, quand on voit que sur nos Pyrénées, on
parcours péniblement 300 km en 5 heures…
Mercredi 13 juillet
9° le matin, temps couvert, les ventilos sont
dans la couche.
Nouveauté de l'année: le
portail
Les
lapins qui batifolent d’habitude sur le chemin du terrain
restent planqués dans les buissons. Pas de poussière sur
le chemin, et les voitures sont provisoirement propres,
rincées par l’orage de la veille. C’est un festival
d’odeurs sur le terrain. Plantes méditerranéennes, et
crottes de moutons. La pluie a ramolli les déjections
séchées, et ranimé les odeurs. Cela se lève un peu, mais
on ne quittera pas le chandail marin. Couche soudée au
vent qui souffle du nord. On ne sortira pas du local .
2000 mètres max de plafond (avec un terrain situé à 1100
mètres d’altitude, cela ne fait pas un plafond haut), en
Béarn, on hésite à partir en circuit dans ces conditions.
Il y a de rares bonnes pompes sur les quelques trous
de soleil. Vers le Nord-Ouest l’ASWH25 ira à El
Barco, et le Ls8 à Zamora, mais le retour n’en sera pas
évident.
La Castille grise et
froide en juillet, c’est possible.
Jeudi 14 juillet
Grand
bleu. Il fait toujours très frais, chandail marin de
rigueur même en vol, ce qui n’est pas courant en juillet
en Castille
Dès l’apparition des premières nuelles, on se fait donc
catapulter .
On ne gagne pas à tous les coups, en 10 minutes je suis
par terre. Jean-Louis, décollé avec le câble restant, fera
pire. Sachant que je dégagerai à la première bretelle, il
se pose derrière sans mot dire, prêt à rallonger si la
piste n’est pas par moi dégagée, ce qui déclenche une
alarme flarm surprenante (trafic derrière !!! mais
qu’y puis-je !) avant de me doubler par la droite
alors que je finis de dégager sur le taxiway. La piste est
large à Villacastin.
La 2eme treuillée sera plus favorable. Départ au vent en
thermique pur, on trouvera les premier cumulus au km
40, en faisant route vers Penafiel, où l’on arrêtera les
frais.
enfin un cumulus pour baliser une ascendance. Cela rend la
navigation plus facile.
Penafiel,
au cœur de l’appellation viiticole Ribeira de Duero,
avec sa citadelle mauresque
En thermique pur, à deux planeurs, c’est plus facile: on
ratisse mieux.
A
l’Ouest il y a des cumulus sur Valladolid, dans la zone
terminale de l’aéroport, où un planeur n’est pas forcément
le bienvenu (l’an passé en partant pour le Portugal en
voiture, j’y ai vu passer des gros jet bien bas) et devant
c’est bleu, avec de rares pompes frétillantes. Au Nord-Est,
La visibilité porte au-delà de la sierra de la
Demanda. Retour vers le sud, puis coup
d’essuie-glace au nord. 300 bornes cumulées. De l’avis
des grands circuiteurs, il n’y avait que là que c’était bon.
Vendredi
15 Juillet
Grand bleu le matin.
Cela finit par déclencher en thermique pur. Dernier au
décollage, il faut subir les aléas des départs qui précèdent.
Un câble de treuil, ça se casse. Cela se répare aussi assez
facilement, mais si une pelote s’est faite à l’enroulage, ou
tout incident non souhaitable, la remise en route peut prendre
un certain temps. Lassé de l’attente, on met en branle l’avion
remorqueur pour un départ classique. A cette occasion, je
découvre que certains pilotes de clubs 100% treuil, ne sont
pas polyvalents. Décollage à l’ancienne, de la grande
Castille. Poussière, branlée dans les pompes de basses
couches, largué à 300 mètres sol, j’accroche et c’est parti.
Les grognons diront que ça m’a coûté beaucoup plus cher qu’au
treuil, pour un largage plus bas, avec la poussière au roulage
en prime. Ils ont raison. Mais je suis en l’air une demi-heure
avant l’heure estimée possible au treuil sans autre casse
câble de décollage.
La situation ressemble à celle de la veille, bleu en plaine
avec rares cumulus, on ira donc au nord. Cette année il est
dit qu’on n’ira pas à Soria. Demi-tour au Km 80, sur un
affluent du Duero,
et en
cheminant bien, on retrouve de beaux cumulus au sud
d’Avila, ce qui permet, en suivant l’ASH25 sous la
confluence (ensuite, il est loin devant)…
un
ASH25 se cache dans cette image. Saurez vous le voir,
à défaut de le suivre ?
… d’aller dire bonjour au Pic d’Almanzor, sommet des
Gredos, avec des plafonds honorables (3400 à 3700m).
On finit
la journée en perdant de l’altitude au nord, jusqu’à
intersecter le plan de sécurité pour un retour sans souci.
Muñopedro, à proximité de l’ancien terrain de Campolara.
Une centrale solaire s’y est construite en bordure de la
route de Labajos. Les grands champs de blé entre la
centrale et le village seraient accueillants en cas de
vache . Bon à savoir. Au moment où je fais la photo,
j’ignore que demain, je la verrai de plus près…
Samedi 16 juillet.
Le
treuil va bien, ça débite ! il s’agit d’un treuil équipé
de deux tambours, on peut donc gicler deux planeurs en
cinq minutes. Ensuite il faut bien 10 minutes pour
remonter les câbles sur la piste avec la voiture hors
d’âge (sauvée de la ferraille il y a déjà quelques temps,
elle chauffe, fume mais roule) et gicler les deux
suivants. Comme on est samedi, il y a une arrivée de
planeurs d’Ocaña, qui décollent au cul du rallye 235cv, ce
qui met une ambiance sonore différente. Les départs au
treuil, on ne peut imaginer plus silencieux. A part la
procédure radio, on n’entend que le frottement du patin de
queue du planeur, qui ne dure que quelques secondes.
Ensuite le planeur est trop loin pour qu’on perçoive le
sifflement aérodynamique du câble et du planeur. Coté
treuil, s’il n’y avait pas le bruit du groupe électrogène,
on n’entendrait que le sifflement du moteur électrique.
Pour le pilote treuillé, l’accélération est sensible, et
la montée à 45° pendant une minute est étonnante au début.
Les oreilles se bouchent comme en téléphérique, et puis on
s’habitue. A Villacastin, la longueur de piste permet de
dérouler plus d’un kilomètre de câble, et en une minute le
planeur est à 450-500 mètres sol, ce qui lui laisse 250
mètres pour trouver une ascendance. Si la journée est
bonne, on perd moins de 100 mètres en farfouillant, si
elle est très bonne, on est largué dans l’ascendance, et
si elle est pourrie, en 5 minutes on est par terre. Cette
journée de samedi est bonne. En thermique pur, on rejoint
le 1er cumulus sérieux à la prison d’Avila, en sécurité et
en longeant la plaine. La prison d’Avila (une des plus
dures d’Espagne, peuplée de détenus qui ne sont pas des
enfants de chœur dit-on) est à peu de choses près posée
sur la limite de la zone limitée en plafond au FL 100 ,
soit 3000 mètres environ. A l’Ouest, no limits.
Avila : la ville fortifiée.
A la
verticale des remparts, on atteint 3600 mètres, ce qui
rend facile l’accès à la Paramera puis Gredos. Au retour
c’est là que se trouve la dernière ascendance bien balisée
avant un grand trou bleu bordé au Nord, sur la forêt de
Cuellar par un beau champ de cumulus. Cinquante bornes au
bas mot sans trop chuter ni monter, avant de retrouver de
quoi jouer. Seul détail, le vent d’Ouest est significatif,
et gênera le retour. Visite du vignoble Ribeira de Duero,
dans sa partie Penafiel – Aranda, que je sens plus
gréseuse que carbonatée, vue du ciel. On vire au km 120,
et si la 1ere partie du retour se passe bien, ça se
gâte sur les 60 derniers kilomètres, ceux qu’on a
traversés dans le bleu à l’aller. Il faut faire le plein
au dernier cumulus et plonger dans le trou bleu, «la
piscine », comme dit Florian, en espérant que ça passe.
C’est ainsi. Les retours du nord sont souvent difficiles,
j’en ai déjà fait l’expérience du temps de Campolara, et
là, il y a en plus la forêt de Marugan à traverser, zone
imposable. L’ASH25 passe, normal : c’est un planeur qui a
55 de finesse, c’est à dire que volant à 1000 mètres
d’altitude en air calme, il peut parcourir 55 kilomètres.
Florian en Pégase teste la piste ULM de Marugan, espérant
un dépannage air qui sera administrativement impossible,
et quant à moi j’avance jusqu’à la zone forestière qui
s’étale sur 10 bornes au nord du terrain, avec en
tête de réduire la distance à couvrir pour le dépannage. A
Muñopedro, terminus : le champ qui est entre la centrale
solaire et le village est fraîchement moissonné. La paille
n’est pas encore en bottes. Pour avoir fréquenté
l’endroit, je sais qu’il est plat, pente montante vers le
bord du plateau et d’après la dérive, face au vent. Il est
en bordure de route, mais la perturbation locale de
l’alignement des lignes de paille trahit la présence de
poteaux électriques, ce qui est normal à proximité d’une
centrale solaire : c’est une petite ligne, mais au moins,
je sais où elle est. Elle est implantée aux deux
tiers du champ qui est très très long. Avec le vent de
face, le planeur sera immobilisé bien avant. Bertrand,
quant à lui, réussit à passer. Deux remorques en ballade
ce soir, sans compter Kilo-Alpha , l’autre Asw20CL qui est
allé en catimini échouer à 1.3 km de la piste de
Fuentemilanos, et qui y passera la nuit, avant un
difficile dépannage le lendemain.
l'oiseau
ne rentre pas toujours au nid
Un planeur décollé au treuil électrique, qui se pose
dans un champ en bordure d'une centrale solaire située
au pied d'un champ d'éoliennes. tout un symbole non?
La vie est belle