Gros temps grande virée
Enfin une belle sortie en faces
sud
Il est dit que cette année, pour atteindre la masse
d’air espagnole, il faut s’offrir un long remorqué.
Jeudi 21 août
La masse d’air est bonne, ça cumulifie depuis 10 heures ce
matin de l’autre coté.
La situation en altitude est d’Ouest, et les cumulus foireux
qui apparaissent vers les orgues sont des mirages posés sur
une lessiveuse. Quand on y arrive, un voile de cirrus les
transforment en chiffonnettes usagées. Même pas un frisson
dessous. Le cumulus suivant, au vent du Sesques, commence à
faire la gueule. C’est dans le bleu à la verticale de
Cette-Eygun que 5m/s s’affichent derrière le remorqueur.
Largué, c’est parti.
Plafond à 2800 m vite atteint, on peut plonger vers
l’Espagne via le Somport et Canfranc.
Vers Torla, comme d’habitude le plafond descend. Ensuite
arrivé au canyon d’Anisclo, il y a un choix stratégique à
faire : Traverser vers la Montañesa et Cotiella ou mettre le
cap vers Urdicetou et Posets. La bas les plafonds sont plus
engageants, mais collés au reliefs, avec des cumulus plats.
La perspective d’enrouler à 2500 mètres le long des falaises
n’étant pas enthousiasmante, ce sera Cotiella. Une excellent
occasion de découvrir ce caillou en été, car je ne l’ai
jamais vu qu’au printemps, bien enneigé, ou d’en bas à
l’Ibon de Plan.
Cotiella est je crois le sommet le plus désertique des
Pyrénées. Pas un pouce de végétation visible d’en haut. Si
on accroche en face sud, on en fait ensuite le tour par
l’Est, et soudain apparaît, tel une oasis en plein désert
l’Ibon de Plan entouré d’une forêt de résineux.
De là, le cheminement par le sud de Posets est aisé, la
traversée vers l’Aneto s’enchaîne bien, mais la garde au sol
pour passer le col de Salines au sud de la serra de
Llauset ne me dit rien qui vaille sur la masse d’air plus à
l’Est, même si le DG500 de St Gaudens annonce de beaux
plafonds en val d’Aran. Il faudrait sauter les
Encantats, le Besiberri est aux barbules. En
fait le passage dans l’autre sens est plus aisé, vu le
niveau des bases coté val d’Aran. J’arrive au croupes
situées au sud de la punta Alta en même temps qu’un voile de
cirrus scélérat, qui ramoli singulièrement les pompes
ancrées dans un granite moins favorables que les carbonates
.
Il
faudra se décaler au sud pour un raccrochage sur Taüll
et ses constructions neuves bien ordonnées, couvertes
d’ardoises. Le retour se fait par la pente sud de la sierra
de Llauset, au tons rouille, dus à la forte de teneur en fer
des argiles métamorphisées en schistes qui la compose. Au
Nord-Ouest domine l’Aneto.
Là,
il ne faut pas traîner car le raccrochage suivant ne
peut se faire qu’à 6km à l’Ouest au tuc Es Pacs, qui domine
Cerler, dont l’altitude n’est que 300 mètres plus bas que le
col de Llauset (à droite sur l’Image)
Les crêtes descendent en pente douce, et comme elles sont
bien orientées, ça dégueule sous le vent. La suite est
classique : on laisse le refuge Angel Orus sur la droite et
on passe au sud de Posets, avec vue sur la dent de Llardana,
dans l’axe de l’Ibon Alto à peine visible à gauche de
l’image et son petit frère perchés vers 2750 mètres
Plus à l’Ouest, un petit ressaut permet de monter à 3200
mètres dans du laminaire au dessus des nuages.
Un
plein bien utile, car ensuite attiré par les cumulus
de la Robinera, je dois déchanter et basculer par le col
d’Anisclo, alors qu‘une trajectoire au sud de la crête sud
de la Pineta eut ménagé un raccrochage peinard sur Sestries
Alto, toujours ensoleillé. 1000 mètres perdus en 30
bornes en partie sous des masses noires. Heureusement, en
sortie, les quelques vautours qui ont survécu aux directives
de Bruxelles sont là pour baliser la meilleure zone
ascendante.
La suite sera classique, jusqu’à la dernière pompe
utilisable à l’Ouest, à l’extrémité de la Forca.
Retour en finesse avec vue sur le Castillo de Acher , et un
crochet pour le fun par Ferrières, en face Nord.
La vie est belle.