Des nouvelles de l'état de la
piste....
sans images
9 Juillet,
Tourbe et Tourments.
J'avais des
véléités de re voler en ASW20 après un tour de double la
semaine dernière (une superbe virée,
en ligne), et je me disais que la météo serait
favorable mercredi. Alors mercredi, espérant allier l'utile à
l'agréable, je suis monté tôt au terrain ou avait lieu une
réunion (en anglais un "kick off meeting") au sujet de
la réfection de la piste.
Un compte rendu formel sera rédigé et publié dans le plus
parfait des styles administratifs. Ce présent récit n'a pas
valeur de compte rendu. Il est là pour expliquer ce qui se
passe aux membres du club qui ont payé leur cotisation 2008 et
aux autres qui je l'espère reviendront voler avant que ce club
n'ait, faute de piste en état, définitivement coulé dans
la tourbe avec son treuil et ses planeurs refaits à neuf par
Benoit, Pierre et quelques autres dans l'unité agréée qu'on a
eu tant de mal à monter.
A cette réunion assistaient (j'ai pas noté les noms, j'espère
que les participants ne m'en voudront pas) le représentant de
la Direction de l'Aviation Civile sud-ouest, administration en
charges des aérodromes, celui de la communauté des communes
(en charge de l'entretien de la piste) le président du club
avion (qui gère par délégation du précédent), et les
trois hommes de terrain qui vont effectivement faire les
travaux. Outre ce pannel, des membres des clubs utilisateurs
de la plateforme étaient présent: Pierre Martiquet qui est
membre du Conseil d'Adminsitration du club planeur et
instructeur, Jean Bourdat instructeur avion qui a aussi la
casquette DGAC, un pilote constructeur amateur et ma pomme,
Géologue de son état (vous ne saviez pas? bin voilà, vous le
savez. Je m'interresse aussi et par nécessité à la tourbe)
La
discussion a été franche, les explications claires et les
décisions hélas pleine de bon sens.
Le représentant de la DAC SO et celui de la communauté des
communes ont quelque pris ombrage de l'abondance de mail
fermes de notre présidente. La hiérarchie administrative
'Communauté des communes-DGAC' avait semble-t-il été
court circuitée. On a gentiment expliqué séparément aux
participants hors agenda et sur un ton qui se voulait
humoristique, que quand l'administré était menacé de crever à
cause de la lenteur administrative, il pouvait émettre des
cris de douleur, ce qui semble avoir été perçu correctement
par les gens en présence qui m'ont d'ailleurs tous paru d'un
excellent abord et plein de bonne volonté. Si on ajoute un
pataquès sur la date de la réunion, il y avait de quoi hurler,
désolé. Ceux qui sont venus la veille pour rien avaient les
boules, excusez l'expression.
parenthèse:
C'est
bizarre cette sanctification mêlée de crainte des membres de
l'administration face à un système hyper hiérachisé à la
Française.
fin
de la parenthèse
Parmi les trois hommes de terrain qui vont
effectivement faire les travaux il y avait Monsieur Pascal,
qui a effectué les travaux initiaux dans les années 80. J'ai
pu discuter avec lui de l'aspect technique, et de ce qu'il se
souvenait des travaux antérieurs : le terrain est situé sur un
plateau mal drainé naturellement (pente 1,2%) paradis de
tourbières installées là depuis la dernière déglaciation.
Certaines sont exploitées pour la tourbe, d'autres, masquées
par la végétation ou nivelées pour en faire un aérodrome ce
qui c'est notre cas. Une tourbière se développe lorsque
justement on a une faible pente. L'eau stagne, fait de large
méandres ( des chenaux) qui parfois se remplissent de graviers
( aujourd'hui drains naturels mal connectés). Une végétation
spécifique de ce milieu mal drainé prolifère, se dégrade
lentement dans un processus ou la fraction ligneuse se
transforme lentement en charbon, si la nature le laisse aller
jusqu'au bout.
Une tourbière retient l'eau (elle est poreuse, 80% d'eau avant
enfouissement et compaction, mais peu perméable), d'autant
mieux qu'elle est posée sur de l'argile. Si on posait des
piézomètres tout le long du terrain on serait surpris de la
proximité de la nappe phréatique, et de la diversité des
niveaux de l'eau dans chaque piézomètre, ce qui témoigne de
présence de poches indépendantes les unes des autres.
Lorsqu'on nivelle, on peut être amené à gratter par
endroits l'argile sous-jacente (qui affleurait avant
l'installation de la tourbière) et couvrir en d'autres la
tourbe. Au niveau du seuil 25 décalé, les avions roulent sur
l'argile, les planeurs sont sur la tourbe (recouverte par un
peu de terre rapportée lors des précédents travaux.) Plus en
aval, les 900 derniers mètres de la 25 planeur sont mieux
drainables et effectivement mieux drainés.
Une tourbière, c'est élastique. Un bulldozer peut très bien y
sombrer comme un paquebot. Et pour le sortir de là.... Il y a
une épave non loin du terrain, visible du ciel paraît-il. Il
faudra que je vérifie. Concrètement, si la couche de terre
végétale n'est pas bien sèche, les engins (une niveleuse peut
faire 14 tonnes réparties sur 3 essieux) peuvent s'enfoncer,
et c'est catastrophique pour le respect des délais du
chantier. Un bull c'est beaucoup plus lourd à dégager qu'un
monomoteur belge dont le pilote n'a pas lu la carte VAC de
LFCO. Les travaux précédents, réalisés en été dans les années
80 ont d'ailleurs vu leur lot de débourbages.
En
résumé
Piste
planeur:
Début de travaux 1er septembre 2008, durée 6 semaines.
Stationnement des engins et des cailloux, coté sud de la piste
planeur.
Les travaux consistent en:
Un scrapage du sommet de la piste planeur pour avoir une
surface non bosselée, mais bien réglée sur son axe, et ce sur
300 mètres de long depuis le seuil 25,
une vérification de l'état du drain principal situé entre les
deux pistes, à coup de pelleteuse,
la création de drains en arrête de poisson, la colonne
vertébrale étant le drain central d'une part, et le fossé
latéral sud d'autre part. Chaque drain fait 10 cm de large et
sera rempli de gravier roulé 50-100mm, par un triplet camion
benne pelleteuse outil faisant la tranchée et remplissant dans
la foulée. L'espace interdrain sera inférieur à 10 mètres, ce
qui fait un paquet de drain à réaliser et explique les 6
semaines de travaux. La pose des plaques n'est pas recommandée
dans la foulée, car il y un tassement différentiel prévisible,
qui transformerait la piste en tôle ondulée. Si on voit les
chose dans le long terme, il faut poser ces plaques sur un sol
réglé et stabilisé. Par ailleurs Il faut impérativement
ré-engazonner pour éviter le colmatage des drains par les
produits de l'érosion du sol argileux mis à nu.
Une opération de cylindrage préalable à la mise en place des
plaques ne pourra donc intervenir au mieux qu'au printemps
2009, plus probablement quand ça sera sec, et avec un été
comme on a cette année, ça peut nous mettre en septembre
2009, avant les travaux sur la piste avion, avec la pose des
plaques dans la foulée. Passer outre et poser les plaques
après les travaux de septembre, nous exposerait donc
rapidement à devoir rouler sur de la tôle ondulée.
piste
avion:
travaux identiques à l'automne 2009, date arrêtée
définitivement dans les plannings de la DGAC.
Conséquence sur l'activité: piste planeur inutilisable jusqu'à
l'achèvement de la pose des plaques. Pour cette pose, on
envisage une main d'oeuvre club (pas besoin d'être très doué
techniquement, c'est du légo) encadré par une compétence
capable de bien contrôler l'alignement, entre autres. Si le
treuil est là avant les plaques, on pourrait théoriquement
envisager son utilisation avant leur pose, en décollant en 07,
si le vent le permet, et si les manoeuvres de retour du câble
n'endommagent pas la piste, ce qui reste à démontrer.
Personnellement, je vois mal une utilisation du treuil sur la
piste avion, avec une équipe de treuillards en rôdage et un
câble passant à 50 mètres du parking. La DGAC non plus.
La piste avion devrait être utilisable pendant les travaux par
les aéronefs basés ou autorisés, au moins le week-end et en
semaine l'après midi. Un contact étroit devra être établi avec
le chef de chantier quotidiennement. Il s'est dit prêt à
bosser le matin près de l'axe, l'après midi coté Sud. A nous
pilotes de faire en sorte que ce contact soit vraiment établi
et les consignes connues de tous et appliquées.
Avions
et planeurs devront se partager la piste avion puis la piste
planeur pendant un long moment.
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La réunion formelle s'est terminée sur la piste, ou tout un
chacun a pu vérifier son état: sec sur les crêtes, flotch
flotch sur les flancs.
Si le club coule, on saura dans quoi.
Ensuite il y a eu un repas, au frais des administrations
concernées (bin oui, si vous avez un ordre de mission, vous
faites une note de frais à votre employeur non?). Pierre est
reparti bosser avant, son employeur l'attendait. Il était
plutôt satisfait, car les derniers bruits qui étaient parvenus
aux vélivole à travers le filtre du club avion, était que ça
freinait un peu coté administration pour poser les plaques
dont les vélivoles attendent tant. Pierre a eu ces mots:
"Nous
sommes un peu comme le mec qui a sorti le train mais qui a
fait deux tours dans du positif alors qu'il avait attaqué
l'étape de base."
Pour ma part je suis resté pic-niquer sous les arbres, ai
préparé un chèque pour éponger les nombreux centièmes
d'EchoRoméo de vendredi dernier, et face à la douleur larvée
mais persistante de mon épaule -effet kiné ou sommeil mal
positionné - j'ai renoncé à me farcir tout seul la sortie du
matos avec des conséquences pire sur ma capsule pour attendre
en plein cagnard le pilote remorqueur que j'aurais peut-être
réussi à joindre au téléphone pour ensuite m'esquinter
un peu plus en entrant et sortant seul du cokpit. La mort dans
l'âme je suis rentré à la maison regarder les cumulus
bourgeonnant sur le relief, écrire cette page en me demandant
pourquoi j'avais si promptement pris l'inscription 2008 et
l'assurance qui va avec alors que je savais que j'allais
passer sur le billard, et ainsi totaliser à
mi-juillet 4 heures de janus. Les 4 heures les plus
chères de ma vie vélivole, assurément.
La vie n'est pas toujours belle mais ça peut s'arranger.
Vivien