Quand Florian Raconte...
Vol du 8 juillet 2006 – Confluence de masses d’air

 

Il a plu pendant presque toutes les trois dernières semaines. Notre Janus amiral était allé en Espagne à Jaca avec ceux d’entre nous qui n’en pouvait plus de compter les gouttes, notre dernier vrai circuit sur les Pyrénées remontant au 3 juin dernier, c’est à dire il y a plus d’un mois.


La masse d’air côté français étant encore très humide, trop humide pour qu’une convection régulière s’installe, c’est donc vers les hauts reliefs que sera jeté notre dévolu. Certes, le remorqué sera long. Mais observez bien les différences de masses d’air sur les photos, prises au dessus du col d’Iseye. Voici la masse d’air de la plaine, celle qu’ont exploité les planeurs landais et gersois aujourd’hui :

maase d'air de la plaine

On distingue ça et là des cumulus humilis, signes de condensation de cet air humide, mais pas vraiment de convection. Il suffit de juger par l’épaisseur de ces nuages, relativement faible, et par leur altitude : la crête que vous voyez  au dernier plan de ce cliché est le mail arrouy, qui culmine à 1300 m. Ces nuages sont donc à une altitude comprise entre 1000 et 1400 m pour ceux situés au loin dans les landes (ce secteur est moins humide et plus convectif que le Béarn ... ). Conclusion : au moindre coup de vent d’est, la masse d’air se réchauffera et s’assèchera.  Les cumulus disparaîtront, et on passera en thermiques purs. Il n’y aura plus de matérialisation de convection, ce qui n’est pas très confortable si l’on veut parcourir de la distance.

Maintenant, regardez la photo de la masse d’air du sud :
masse d'air sud

 
Rien à dire, ça n’a plus rien à voir ! Au dessus des crêtes, la masse d’air qui surplombe les basses couches est instable à souhaits ! les limites de la convection approchent ici en France les 3000m. Conclusion rapide : nous sommes en situation de confluence de masses d’air, celle du sud remontant sur celle du nord.

Nous préférerons donc un vol en traversant la frontière au niveau du col du Somport, et tailler vers l’est, direction l’Andorre. D’ailleurs, Pierre et Jean Marie qui ont décollé environ 40 minutes avant moi ont déjà choisi cette option, et annoncent des conditions plus que correctes sur les faces sud.

La traversée de la vallée de Canfranc se fera avec un petit arrêt à la station d’Astun, puis en finesse vers la Collarada. C’est là que je ferai un arrêt plafond, qui sera plus qu’encourageant pour la suite des évènements …

 sur les sierras

Les cumulus s’alignent au dessus de la crête frontière, il n’y aura qu’à suivre les alignements de nuages en essayant de restant le plus haut possible.

Le cheminement jusque là est classique : Collarada, Pena Tendenera, et massif du Monte Perdido, précédé du canyon d’Ordesa :

 Canyon d'Ordesa

Ne dites pas que c’est moi qui vous ai montré cette photo, un monstre de l’administration européenne vient de pondre une envolée lyrique qui interdit le survol à moins de 4000 m dans ce secteur.  Pourtant voilà des années que nous y passons au dessus … le pire est qu’en jetant en œil sur les routes montagnardes, il y avait environ deux à trois cents voitures et tout un arsenal idéal pour un barbecue géant en bordure du canyon …

 
Le vol va encore bon train ; le chaînon suivant sur la route de l’Andorre est la Cotiella :

Cotiella

La marge entre le sommet et la base des nuages est faible, mais je suis confiant sur la présence d’ascendances sur ce sommet.
vario
 

Qu’est ce que je vous disais … +3 m.s-1 , altitude 3000m, ce ne sont pas les plus fortes montées et les plus gros plafond que nous y avons rencontré, mais c’est assez pour continuer vers Gallinero, où parapentes et deltaplanes balisent déjà les ascendances :

 deltas

 
Il est maintenant possible de continuer vers l’est, et de passer face à l’Aneto, le plus haut sommet des Pyrénées :

Aneto

L’an passé, à 7 jours près, j’y étais passé strictement verticale, il y avait 4000 m de plafond sous cumulus … 

L’Andorre n’est alors plus qu’à quelques encablures ; après le massif de l’Aneto, il faut être vigilant car on survole le Val d’Aran et autant ce secteur est intéressant d’un point de vue aérologique, autant il est inhospitalier en cas de descente en basses couches …

Le point de virage atteint se fera à une dizaine de km à l’ouest d’Andorre la Vieille. Lorsque je me suis retourné face à l’ouest, je pensais que le retour serait aussi simple et rapide que l’aller, aux vues de ce genre de rues de cumulus :

rue de nuages

Mais c’est justement au retour que même Pierre dans le Janus a eu des soucis ; certains de ces gros cumulus ont voulu jouer les petits congestus, nous avons ramassé de l’eau, des gros taux de chute et il a fallu prendre un cap beaucoup plus au sud, et faire preuve de patience dans des varios assez moyens lorsque nous nous sommes retrouvés entre 2100 et 2400 m du côté de Sorts, au dessus d’une région ou l’agriculture a emménage les champs en terrasses ce qui limite les possibilités d’atterrissage en campagne ….

Nous ne retrouverons donc des conditions plus confortables qu’en revenant à la Tendenara. Face à l’ouest, nous pourrons aller cherches les limites de la convection, tout en gardant le local d’Oloron :

retour 1

Cette photo a été prise en arrivant au Pic d’Orhy, le point de virage le plus à l’ouest …

vers l'Orhy

… et comme nous sommes rentrés nous poser en France, il a fallu repasser dans la masse d’air française plus basse, en étant donc au dessus des nuages ….

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436 km en libelle, c’est une jolie journée ! voici le tracé du vol, avec quelques indications :
(cliquer sur la carte pour plus de détails)

 
carte small




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