Quand
Vivien raconte...
Itinéraire classique en
faces sud
Mercredi 19 mai 2004
Toujours des risques d’orages en
cette veille d’ascension, mais pas de matérialisation dans la
masse d’air de la plaine. C’est de la crête de l’Ourdinse que se
fait le départ, avec un vent du 150° en altitude. Le
cheminement se fait donc au vent du Sesque ; avec 3200 mètres de
plafond on peut voir venir. C’est tellement bon que je court-circuite
Canfranc et la Collarada pour arriver direct sur l’Est de la Tendenera
via le Pourtalet, Sallent et Penticosa. La radio est plus bavarde
aujourd’hui. Les St Gaudinois sont dehors,
éparpillés vers l’Ariège, et on a des
nouvelles dès qu’une trouée dans la chaîne le
permet. Serge décolle de Jaca avec un 500 prévu vers
Sort. La veille, pendant qu’on slalomait entre les congestus au Nord,
il a eu un retour difficile entre les cunimbes au Sud.
Le parcours Sud, est classique. Pour suivre le récit devant
votre écran, je vous conseille de déplier vos
cartes au 1/50 000, feuilles 24 et 23, celles-la même
qui servent aux randos montagnardes espagnoles (en l’air, c’est pas une
échelle facile à manipuler). Les pompes sont peu ou prou
toujours aux mêmes endroits, pourvu qu’il y ait du soleil pour
les déclencher. Après le Canyon d’Ordesa, où le
plafond est souvent plus bas, la tentation est grande de poursuivre
dans l’axe vers la Montanesa, qui domine Ainsa, puis le Turbon.
C’est souvent un cul de sac, que l’on visitera lorsque la haute
chaîne est accrochée. Si on veut voyager, mieux vaut
obliquer vers la lèvre sud du canyon de la Pineta. De l’autre
coté de la vallée, le Tozal de la Pegueras est souvent
très bon. On vise ensuite le sud du massif de Posets. Soit le
pico del Turno, qui peut être la meilleure pompe des
Pyrénées s’il est au soleil et permet ensuite de sauter
vers la Maladeta en route vers les Encentats, soit vers le col de
Sahun, plus au sud-Est. Aujourd’hui la Maladeta est dans le bleu, les
cumulus platochards sur la neige. C’est au sud de la station de Cerler
et de la Tuca de Urmella que ça passe. On s’arrête
à Villaler, l’Est ayant les caracteristiques requises pour un
aller simple. Serge a continué, mais j’ai perdu le contact radio
assez rapidement.
Au retour (j’ai viré à 15 heures à cause du risque
orageux) l’altitude des transitions est suffisante pour avoir des infos
sur les faces nord (les St Gaudinois sont bavards, il suffit
d’écouter) mais pas assez pour avoir des nouvelles d’Oloron.
Vallée de Rioumajou,
avec le lac gelé d’Urdizeto, en premier plan à gauche.
Ce n’est qu’au niveau de la lèvre nord de la Pineta, avant
de plonger vers le canyon d’Ordesa qu’un contact rassurant peut
être établi. Enfin, rassurant à moitié
seulement car les copains, sous les masses sombres à 2400m ne
distinguent pas les développements verticaux voisins, que
j’observe de loin sans pouvoir les localiser avec précision.
Plus rassurantes sont les nouvelles
du pays Basque : si ça cause dans le poste à Ixtassou,
c’est bon signe. Et de fait, vers l’ouest, ça chemine de plus en
plus vite, avec de la flotte à chaque congestus, jusqu’au droit
du Port de Larrau, au km 60 d’Oloron. L’Anie est sous un congestus
énorme. Et là se pose à chaque fois la même
question : une petite branche de rab vers l’Est ou bien passage
immédiat vers la plaine ? Vu l’état des congestus qui
m’entourent j’opte pour un 3eme point vers la plaine, plutôt
qu’un retour vers le Visaurin de plus en plus noir.
Le retour dans la masse humide signifie retour vers des pompes molles.
On avance sur la pointe des pieds vers Navarrenx en compagnie d’un Puma
en ballade…
… pour terminer en
sécurité vers le Jaout, avant que l’orage ne
déborde sur le terrain
Moulle du Jaout